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7 mars 2020
Alain Lipietz

Bilan d’étape (2) : après le dépôt des listes

Nous reprenons le plan du Bilan d’étape-1. La semaine précédant le dépôt des listes, et les listes elles-mêmes, ont révélé quelques surprises !

Les écologistes rassemblés.

Rien à signaler : tous les partis écologistes soutiennent Villejuif-Écologie. Le Parti animaliste, après d’exigeantes discussions a donné son investiture. Notre tête de liste, Natalie Gandais, a signé avec ce parti un protocole d’engagements pour son futur exécutif, et par la même occasion la Charte L 214 sur le bien-être animal.

Elle a aussi signé l’appel de Villejuif-Debout au rassemblement des écologistes et des gauches au second tour : voir plus loin.

Elle a participé à la présentation des propositions des écologistes pour la Métropole du Grand Paris, dont les élus seront désignés en même temps que les conseillers municipaux.

Elle a répondu au questionnaire des syndicats du personnel de Villejuif.

Pour le 8 mars, Villejuif-Écologie invite les organisations féministes présentes sur Villejuif (et sur notre liste…) à un débat dimanche matin, puis appelle à rejoindre la marche parisienne.

La droite a éclaté, le centre ébranlé.

La publication de la liste du maire-candidat-sortant a révélé un coup de force contre tous ses alliés centristes : le Nouveau siècle (juppéiste), l’UDI, le Modem, et En marche (il y en avait sur sa « majorité municipale ») sont éliminés. Inversement, il n’y a cette fois pas de liste Rassemblement National, et le candidat sortant utilise donc le titre-clin d’œil « Villejuif rassemblée ». Une candidature de la droite de la droite.

Le scandale est devenu public, d’autant que fuitait la Charte du microparti local de F. le Bohellec, parfaitement autocratique : les candidats sur sa liste devaient acheter leur place, de 200 euros pour un simple élu à 5000 euros pour être maire-adjoint (j’espère pour eux qu’on ne paie pas d’avance…).

La campagne du maire-candidat-sortant est pourtant largement financée par la Ville. En violation de la loi, ses gigantesques affiches sur les palissades de chantier sont payées par la municipalité voire par les promoteurs : la justice vient de déclarer qu’il s’agit d’« une opération électorale (…) susceptible d’avoir une influence sur la validité de l’élection elle-même », mais qu’elle ne pourra intervenir qu’après, pour annuler l’élection. De même il multiplie les réunions de quartier qu’il aurait dû faire en 6 ans sur tous les détails de la vie quotidienne. VNV est devenu un tract à la gloire de son action....

Et pourtant le candidat sortant a encore énormément besoin d’argent. D’énormes tracts de "Projet" sont distribués, parodiant le programme des écologistes. Le meeting de lancement à l’américaine a couté une fortune. À la grande inquiétude des mères du quartier sud, le candidat sortant y recrute à tout-va selon le modèle Corbeil-Essonnes, distribuant petits cadeaux et CDD aux moins regardants.

Les centristes de son ex-majorité, prenant conscience qu’ils avaient été bernés, ont tenté de faire une liste au dernier moment, mais n’y sont pas parvenus. Leur électorat se déportera peut-être sur la liste En Marche de Léonor Brucker.

Celle-ci a d’autres problèmes. Nous avons dit la sympathie que nous inspire ses militantes : nous savons (et le géographe Claude Graslin l’a démontré) que son électorat, à Villejuif, est en moyenne plus proche d’EELV que de la droite, contrairement à la moyenne du Val-de-Marne. Mais nous avons dit avec regret, dès le mois de juin : « Pas possible de faire alliance avec La REM locale, compte tenu de la politique nationale de La REM » (« réforme » des retraites, Pacte de Cahors, chasse aux réfugiés…)

Or la situation a empiré avec le 49-3 jusqu’à provoquer le départ de LaREM (et de son groupe parlementaire) de la députée de Villejuif, Albane Gaillot, que nous aimons bien aussi. Celle-ci avait déjà refuser de voter les mesures anti-réfugiés, cette fois elle a voté la motion de censure de la gauche contre le gouvernement !
La logique voudrait qu’une partie de son électorat se déporte vers Villejuif-Écologie. Et un jour ses militantes aussi…

La gauche part éclatée

Trop de passif entre ses partis (et là, franchement, ce n’est pas de notre faute ;-). Il y a finalement 4 listes : PCF, PS, LFI, LO. Bon, LFI et LO ne sont pas exactement "la gauche traditionnelle", mais en sont directement issus par scissions successives.

Les exclusives réciproques (sans compter celle contre Natalie Gandais) l’ont emporté sur la raison : voir notre analyse dans le Bilan d’étape-1.

Etant donnée la disproportion des implantations militantes, il est probable que le PCF écrasera le PS et LFI.

Restait ouverte la question des deux « collectifs citoyens ».

Villejuif Objectif 2020. Nous en étions restés au moment où, après des semaines de négociations qui avait abouti à un accord écrit (ils avaient précisé jusqu’à l’organigramme du futur exécutif, avec les postes d’adjoints qu’ils souhaitaient, et nous avions par écrit donné notre accord), ils annonçaient, trois jours plus tard et sans un mot d’explication, avoir décidé de faire une liste autonome conduite par Karim Dib. Nous commentions alors : « Cependant ils souhaitent se présenter seuls, ce que nous regrettons, même si nous apprécions la volonté d’une représentation propre des quartiers populaires. »

Mais encore quelques jours plus tard, nouveau changement : ils annonçaient rejoindre la liste du PS. Encore quelques jours plus tard, Karim Dib s’en retirait. Toujours sans aucune explication. Et finalement, ce collectif est réparti façon puzzle sur ou aux cotés de toutes les listes y compris… celle de F. le Bohellec

Bref.

Villejuif Debout. Ce collectif, qui regroupe 115 habitants avec une grande majorité de membres non encartés et plusieurs anciens maires-adjoints (communistes ou non encarté) de Mme Cordillot, est entré tardivement en dialogue avec nous. Nous avons constaté assez vite une grande proximité de pensée… et finalement c’est ce qu’ils ont fini par penser eux aussi ! En toute dernière semaine avant le dépôt des listes, nous nous sommes donc revus : conversation très positive, mais nous ne pouvions plus leur proposer que deux ou trois places éligibles (les autres s’étant « verrouillées » avec le temps qui passe), plus le poste le plus important et intéressant après celui de maire : au conseil de la Métropole du Grand Paris, poste réservé au maire mais avec une suppléance possible. Or Natalie Gandais refuse de cumuler ces deux postes (et de cumuler, en général).

Par ailleurs ils et elles ont apprécié notre volonté de fusion avec toutes les listes de gauche, à la proportionnelle, pour le second tour. Proposition qu’ils ont reprise quelques jours plus tard, sous forme de l’appel au rassemblement que Natalie Gandais a signé (voir plus haut).

Cependant, il leur a semblé que c’était un peu tard pour construire une vraie fusion. Certes, et nous le regrettons d’autant plus que cela aurait signifié la « réconciliation post-2014 ».

Car c’est l’incroyable paradoxe : ce sont précisément ce collectif avec beaucoup de personnes non encartées n’ayant jamais fait de politique ainsi que des membres communistes (ou proches) de l’ancienne équipe de Mme Cordillot, celles et ceux dont on aurait pu craindre une rancune inextinguible, qui ont finalement, sur la base d’une réflexion politique, opéré la démarche la plus ardue mais la plus approfondie vers l’écologie, au point de friction le plus dur : les méthodes de gouvernance. En fait, ils et elles étaient sans doute les mieux placés pour comprendre ce qui n’allait plus avec la gestion communiste de la ville…

Conclusion

À une semaine du premier tour, on peut pronostiquer que le second tout verra l’opposition entre la liste le Bohellec, et la liste des écologistes et des gauches rassemblée derrière soit Natalie Gandais , soit P. Garzon, avec l’électorat de Léonor Brucker en position de faire pencher la balance. Dans une remarquable analyse politique sur 94-citoyens, un intervenant signant Gégé conclut à la nécessité de voter Villejuif-Écologie dès le premier tour, car seule Natalie Gandais peut l’emporter face à la liste Le Bohellec au second tour.

Reste pour nous un argument de fond : seule une mairie écologiste et solidaire sera capable de mettre la ville et ses habitants en position de résister, face aux crises écologiques (climat, mal bouffe, pollution aux microparticules) et à la pauvreté générale ne vont pas s’arranger à l’échelle nationale et mondiale d’ici 2026.

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