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12 octobre 2019
Alain Lipietz

Impressions sur le lancement de la liste « Ensemble pour Villejuif »

Le « collectif du 15 mars » tenait une nouvelle réunion publique le 9 octobre, où nous étions invités. Occasion de lancer la liste du PCF et de ses alliés, « Ensemble pour Villejuif », conduite par Pierre Garzon.

Le 15 mars, plusieurs personnalités de la liste de Mme Cordillot en 2014, plus les élus communistes départementaux dont Pierre Garzon ( la tête de liste municipale investie par le PCF), plus notre amie Jeanine Rollin, lançaient une première réunion publique où, expressément, nous n’étions pas invités. Cette réunion, qui a réuni 250 personnes selon les organisateurs, a débouché sur des ateliers.

Ce 9 octobre, nous étions cette fois officiellement invités, depuis une réunion de prise de contact le 3 octobre, à l’initiative des socialistes villejuifois, entre ce « Collectif du 15 mars », EELV et La France Insoumise. Cette réunion, sur laquelle nous avons décidé unanimement de ne pas communiquer (il est important que l’on puisse discuter sans enjeu de communication !) avait pour but principal de « briser la glace » (qui dure depuis 2014 entre PCF et EELV et depuis 2017 entre PCF et LFI). Elle fut « franche et cordiale ».

Le 9 octobre, Il s’agissait, pour le « Collectif du 15 mars », de rendre compte du travail de ses ateliers. Par la même occasion était lancée la liste « Ensemble pour Villejuif », avec un petit studio télé à la sortie, où l’on m’a pressé de donner mes impressions.

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J’ai compté 120-130 personnes dans la salle, soit deux fois moins que le 15 mars. Essentiellement des personnes que je connais depuis des décennies au PCF, plus : 3 personnes de Génération.s, trois du PS, une petite dizaine de personnes du collectif Villejuif 2020, et des personnes connues pour leur appartenance à une mouvance « de gauche et écologiste ». Pas de LFI apparemment. Mis à part Jeanine Rollin, la parole du Collectif était monopolisée par le PCF et Génération.s. Le nom de la liste municipale fut annoncé : « Ensemble pour Villejuif », avec l’inévitable sous-titre « Ecologiste et solidaire » que l’on ne retrouve pas dans le logo préparé pour le studio télé. Pas très loin du titre du bulletin de P. Garzon !

Les comptes rendus d’ateliers, comme les discours des animateurs du collectif, étaient de deux sortes. Soit un discours PCF ultra-classique (lu sur un papier). Soit une série de revendications et de propositions de pouvoir aux citoyens, avec quelques indications de contenus qui n’auraient pas déparé le programme de L’Avenir à Villejuif de 2014.

Manifestement, des citoyens s’étaient exprimés dans les ateliers, et avaient infléchi le discours du PCF.

Au titre de ces progrès : la défense du vert et du pavillonnaire contre le béton, et le maintien d’une police municipale (dont la création fut introduite dans le débat villejuifois par L’Avenir à Villejuif, qui en 2013 avait invité en débat public un spécialiste de la police de proximité et un ancien délinquant devenu animateur et médiateur).

Mais nous ne sommes plus en 2014. Le PCF et les autres animateurs n’ont manifestement pas perçu le gigantesque pas en avant de la crise écologique et de sa perception par les habitants, et en restent à la formule médiatique « La fin du mois et la fin du monde », sans percevoir qu’il s’agit désormais des années et de la fin de notre vie : les 68 000 morts par an en France du fait des microparticules (émises par le diesel), la généralisation des canicules à tout l’été promise à l’horizon 2030...

On perçoit même des retours en arrière : un atelier demande la fin des double-sens pour les vélos, alors que le Plan vélo construit après plusieurs débats publics par Natalie Gandais a été adopté à l’unanimité, en 2015, y compris les élus PCF !

Discours assez classiquement PCF contre le remplacement de population, manigancé par le maire LR pour faire de Villejuif un nouveau Levallois (les abominables bobos qui vont imposer le vélo). Se rendant compte que ça allait un peu trop loin, un intervenant PCF précisa enfin « Mais nous ne sommes pas pour opposer, à Villejuif, anciens et nouveaux habitants ! ». Je me demandais ce que pensaient ces derniers, s’il y en avait dans la salle. Pas de chance, il y en avait au moins un. Le lendemain, devant l’école Simone Veil, il interpella les militantes de Villejuif-Écologie distribuant leur questionnaire : « J’habite ici depuis deux ans. J’étais hier à la réunion, je croyais que c’était une réunion unitaire, mais non, c’était une réunion du PCF ! et j’ai compris qu’ils ne veulent pas de moi : je suis un nouvel habitant ! ».

Mais le débat général a presque entièrement porté sur le « pouvoir citoyen ». En négatif d’abord. Plusieurs personnes interpelèrent les communistes : « Mais vous parlez de démocratie à chaque élection, qu’est-ce qui nous prouve que vous avez changé ? »

Ce fut notamment le cas de Valérie M., ancienne élue communiste, qui participe désormais au collectif Villejuif-debout. Ce collectif vient de publier un « Manifeste » avec lequel nous sommes très largement d’accord. Évidemment : il reprend les idées des écologistes pour une « ville résiliente » et celles du courant « Pouvoir d’agir/ça dépend de nous », dans la foulée du Rapport Bacqué-Mechmache, que nous avions fait intervenir à Villejuif dès la campagne de 2014 et même dans les premiers mois de l’Union citoyenne. (Ça n’avait pas trop plu à MM. Le Bohellec, Obadia et Vidal, et a provoqué les sarcasmes du Front de Gauche…)

A Valérie, les organisateurs, attristés, firent observer : « Tu étais avec nous dans le précédent mandat, tu sais bien que nous avons toujours cherché à consulter les habitants…. » Il y a visiblement d’anciens communistes peu désireux de « reprendre Villejuif » avec les méthodes de « consultation » d’autrefois.

De sa voix douce et ferme, Sylvie G., inlassable militante des conseils citoyens et de la co-élaboration, fit observer « Consulter les habitants, ce n’est pas les inviter à des « consultations » où nous leur exposons ce que nous allons faire, c’est aller le leur demander, là où ils sont, car ils ont des idées mais ne croient plus aux institutions et aux politiques. »

Un EÉLV bondit à la formulation d’un des communistes parlant de « laïcité à la cantine ». Débat assez vif (« Il a pas dit ça ! »). Le PCF convint que pour les enfants qui refusent la viande, il faut offrir un repas à base végétale correct : ce qui passait pour une abomination en 2013. A une question sur l’emplacement de la 2e mosquée, Gilles L. (de Génération.s) répondit évasivement que « Aucune question n’est taboue ».

Pour EÉLV et L’Avenir à Villejuif, c’est au contraire très clair : nous rencontrerons l’AMVB pour faire le point, avec quelques nouvelles idées d’emplacements possibles.

Mon impression générale, exprimée à la sortie lors de l’interview télé : les communistes ont « compris » et évolué sur certains points, qui auraient peut-être permis l’unité en 2014. Mais pas sur tous, et pas tous les communistes. Et comme la crise écologique, démocratique et sociale s’est aggravée, le PCF villejuifois est encore en retard sur les exigences de 2020.

Nous continuons, pour notre part, à soutenir la liste citoyenne Villejuif-Écologie... à laquelle nous invitons à se joindre le PS, LFI et Générations.s.

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