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3 juillet 2009
François Labat

Grand Paris, une chance pour Villejuif ?

Cette question du Grand Paris n’est pas simple.

Villejuif, ce n’est pas Paris.

D’abord, il y a une frontière qui s’appelle le périphérique.
Il y a une porte d’Italie, (la porte, ça dit bien son nom, c’est bien qu’il y a un passage entre deux mondes) souvent inextricablement embouteillé par les voitures et très difficilement franchissable à pied ou en vélo.
On sait à quel point, pour les Parisiens, franchir ce périphérique n’est pas anodin.

Ensuite parce qu’il y a des inégalités énormes.
En termes de revenus, d’emplois, de services publics, de biens culturels, le décalage est impressionnant.

Pourtant, Villejuif, c’est Paris.

Les liens qui nous unissent à la capitale sont forts. Plus forts que ceux qui nous lient à Créteil, pourtant la préfecture du département ou même à l’Haÿ-les-Roses, la sous préfecture, participant pourtant de la même agglo.
Beaucoup de Villejuifois travaillent à Paris, y font leurs achats ou vont s’y distraire.
C’est d’ailleurs beaucoup plus facile d’aller à Paris que d’aller à Créteil, surtout en transports en commun. Si vous n’en n’avez pas encore fait l’expérience, je vous invite à la tenter. Mais choisissez un jour où vous avez un peu de temps devant vous...

Donc il y urgence à penser aussi Villejuif comme partie d’un Grand Paris,

Avec deux objectifs prioritaires :
la réduction des inégalités
a mise en œuvre d’une ville durable.

Il y a déjà eu beaucoup de travail de fait sur cette question. La région Ile de France notamment a produit en 2007 un document qui s’appelle le SDRIF et qui est un projet détaillé pour la région en générale et donc sa partie centrale en particulier.

C’est gros, c’est détaillé, il y beaucoup de cartes, d’études, de tableaux. C’est parfois difficile à comprendre, mais c’est normal parce que c’est une étude en profondeur, c’est le fruit d’une vaste concertation, c’est le produit de longues négociations entre les différentes composantes politiques de la Région, entre les différents territoires aussi. Ce n’est pas un projet parfait, c’est un compromis, il a vocation à être amélioré, mais il est là.

Ce schéma à vocation à être la trame de fond juridique du développement de la région.

Malheureusement, l’État d’une manière générale et l’État gouverné par Nicolas Sarkozy en particulier a beaucoup de mal a prendre acte de la décentralisation.
Laisser la région Limousin ou même Rhône Alpes choisir son destin c’est une chose, mais l’accepter pour la région capitale, qu’il a sous le nez et qui si longtemps été directement administrée par l’état s’en est une autre.

Et donc on le sait l’état refuse toujours de signer ce fameux SDRIF, bloquant le processus.

C’est donc un peu pour court-circuiter le travail de la Région que le Président de la République s’est emparé lui même du dossier, en le repositionnant sur la question de l’agglomération centrale, du Grand Paris. C’est ainsi qu’il a donc nommé Christian Blanc « Secrétaire d’État chargé du Développement de la région capitale »...

De ce côté là, la méthode est l’inverse de celle du SDRIF :
pas de concertation
pas de travail en profondeur sur le détail, sur l’impact des mesures proposées.
On travaille par grandes lignes, on prévoit des « Clusters » c’est à dire des zone de développement, on prévoit des grands tracés de transports en commun. Ce que deviennent les espaces entre les clusters, comment les gens vont aller à leur travail au quotidien on s’y intéresse moins, c’est tellement plus difficile. On laisse aux collectivités locales le soin de s’en dépatouiller.

Et puis il y a la question du financement : faire de grandes annonces sans expliquer comment on va les payer, c’est assez incohérent. C’est pourtant ce qui a été fait.

Reste que notre Président de la République est un homme intelligent, qui sait que s’il veut reprendre la main sur la politique de l’Ile de France il faut qu’il s’appuie sur des projets sérieux. Donc, dans le Val de Marne, son projet de métro rapide reprend globalement le projet Orbival, ce qui est très bien. Et en y engageant l’État, même sans financement, il lui donne un utile coup de pouce. Même chose pour Cancer Campus. Les deux projets sont d’ailleurs liés, puisque Gustave-Roussy pourrait être le site de la gare de métro rapide.

Et avec le prolongement de la ligne 14, par Villejuif vers Orly, on touche carrément le jackpot.

Si ces projets voient le jour, ce qui n’est pas du tout sûr (si toutes les annonces du Président de la République, devaient se réaliser, le capitalisme et les paradis fiscaux n’existeraient plus, par exemple), le visage de notre ville en sera profondément modifié.

Les Villejuifois pourront se déplacer plus facilement mais il y aura aussi des afflux de populations nouvelles attirées par les emplois nouveaux qui devraient être générés pas Cancer Campus ou par la possibilité de rejoindre facilement leur lieu de travail, avec à la clef un risque très fort d’envolée des prix immobiliers.

Plusieurs défis s’offriront donc à nous.

D’abord il faudra faire de cet afflux de population une chance pour la ville, en faisant en sorte qu’elle n’entre pas en concurrence avec la population actuelle, notamment les couches populaires, mais au contraire en saisissant l’occasion de créer de la mixité sociale, dans les quartiers, dans les écoles, dans les immeubles. Si nous ne réussissons pas ce mélange qui sera une richesse pour tous, on ira inexorablement vers une tension sociale et, à terme, le rejet des couches populaires hors de la ville. Et pour nous ce serait un échec très grave. Ce qui ne serait pas un échec par contre, mais un grand succès c’est que, de part la proximité avec l’emploi, de part l’amélioration des conditions de vie, notamment dans les écoles, la niveau de vie des Villejuifois les plus fragiles s’en voit augmenté.

Ensuite, il faudra que les aménagements, notamment en matière de circulation et de transports locaux soient à la hauteur des équipement d’intérêt métropolitain. Que penser d’une ville qui accueillerait une ou deux gare d’un métro automatique ultra moderne et dans laquelle on se déplacerait encore majoritairement en voiture comme c’est le cas aujourd’hui. Une ville sans piste cyclable et où se déplacer à vélo relève de l’exploit, par exemple ?

Enfin, il faudra s’interroger sur la manière d’agir pour réaliser une ville plus compacte, de manière à utiliser pleinement les capacités des nouveaux transports en commun, mais qui préserve en même temps des espaces naturels et qui protège un tissu pavillonnaire qui fait partie de l’âme de la ville. Et il faudra quand même faire en sorte aussi de développer l’activité sur place, parce que ce n’est pas parce qu’il y aura des transports plus faciles qu’il faut renoncer à l’objectif de travailler près de chez soi, objectif qui est bon pour les gens et bon pour la planète.

Pour en revenir au Grand Paris en général, il y a une autre question qui se pose, c’est la manière de gouverner ensemble cette vaste aire métropolitaine. Les rapports Dallier et Balladur proposaient de fusionner Paris et les trois département de la petite couronne. Une solution qui a sans doute bien des défauts, mais qui aurait l’avantage considérable de mettre en place une vraie redistribution fiscale entre l’est et l’ouest parisien. Avant de rejeter définitivement cette solution, il faut avoir ce point fondamental à l’esprit.
Quoi qu’il en soit, elle a été envoyée aux oubliettes par Nicolas Sarkozy qui a donné sa bénédiction au syndicat Paris Métropole qui regroupe peu tout le monde. Le souhait de ne pas affronter les élus en place (de gauche comme de droite n’est certainement pas étranger à cette décision)

Reste que personne ne sait ce que va devenir ce syndicat Paris Métropole.

Il a pour lui l’avantage d’avoir un contour flou et de permettre de ne pas mettre de barrières autour d’un grand Paris dont nul ne sait ou il s’arrête.
Mais les nombreux syndicats qui quadrillent l’Ile de France, que ce soit pour l’eau, le gaz ou l’électricité n’ont pas fait la preuve de leur grande transparence et de leur caractère démocratique, fallait-il en ajouter un de plus ? C’est un échelon supplémentaire, qui n’est pas élu au suffrage universel et n’est donc pas responsable devant les citoyens.
Ce n’est pas un syndicat intercommunal de ce type qui résoudra le premier problème de la région, à savoir les inégalités qui s’aggravent entre les territoires.
Il est à craindre, même si ce n’est pas certains, que ce syndicat des maires ne puisse avoir d’autre politique que l’immobilisme et la défense du statu quo.

Cette affaire du Grand Paris c’est donc une chance pour Villejuif. Il nous reste à être à la hauteur de cet enjeu.

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