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7 avril 2014
Alain Lipietz

Troisième tour : le dessous des cartes.

Le troisième tour des municipale (l’élection du maire et de ses adjoints par les conseillers élus) est fini. Franck le Bohellec est maire de Villejuif. La liste ordonnée de ses maires-adjoints, conduite par Natalie Gandais, est également élue.

Ces deux élections ont été acquises avec 30 voix sur 45, contre 10 pour la maire sortante communiste, Mme Cordillot. Il y a eu 5 bulletins blancs ou nul. Comme nous ne savons pas ce qu’a voté l’élu FN, il nous a donc manqué 4 ou 5 votes parmi les élus de l’Union citoyenne pour Villejuif. Ces défections inattendues viennent de la liste de JF Harel, « Vivre à Villjuif », l’une des 4 composantes de l’Union, qui se présentait comme « centriste » avec le soutien UDI.

Vous n’y comprenez plus rien ? C’est de notre faute et nous vous prions de nous en excuser. Dans des circonstances que nous expliquons plus bas, nous avons dû nous plier à une règle de secret que nous ont imposée certains de nos partenaires. Cette règle de secret est légitime dans les négociations diplomatiques, elle aurait présenté l’avantage de permettre à chacun de ces partenaires de se « reprendre » avant l’irréparable. Cela n’a pas été le cas, et notre discrétion nous est, en un sens, retombée sur la figure. Elle ne s’impose plus, donc nous la rompons maintenant.

1. La semaine d’entre-deux-tours.

La décision de fusion a été prise (ou plutôt confirmée) en AG de notre liste,L’avenir à Villjuif, la nuit du résultat du premier tour. Plusieurs ont exprimé leur réticence devant « une fusion avec JF Harel », qui incarne pour les Villejuifois et en particulier pour les jeunes des quartiers et le personnel municipal « l’adversaire de droite ».

Le reste de la France a pensé que nos problèmes viendraient de celui qui avait reçu l’investiture de l’UMP (Franck le Bohellec). Mais les vieux Villejuifois savaient bien d’où viendraient les problèmes… On se souvient que la liste des 6 élus Harel de 2008 avait aussitôt éclaté, le laissant seul au Conseil municipal avec une coé-élue, les 4 autres se réclamant de l’UMP. Nous allions comprendre pourquoi.

Le lundi 24 au matin, à 10 heures, les « 4 listes » se réunissent, en délégations de 2 ou 3 personnes (le PCF ne nous appellera que dans l’après-midi, après que tout soit conclu). Cette journée décisive a déjà été racontée ici, mais il faut entrer dans plus de détails pour comprendre la suite.

Nous constatons rapidement que notre programme est largement commun et entrons dans le détail des postes. L’ordre des 5 premiers sur la liste est accepté d’emblée avec Franck le Bohellec (mieux voté du premier tour) en première position, Natalie Gandais en seconde position et Fadma Ouchard en 4e, parce que la loi dicte l’alternance hommes/femmes et que ni JF Harel (3e), ni P. Vidal (5e) ne souhaitent être représentés par une femme. Il est décidé de renoncer à toute étiquette de parti national (ni UMP, ni EELV, ni MoDem , ni UDI) : ce sera l’Union Citoyenne pour Villejuif.

Vers midi JF Harel exige de commuter avec F. le Bohellec en tête de liste, car lui se considére comme seul maire légitime (malgré la nette différence de score en faveur de le Bohellec). Devant le refus des 3 autres groupes, il quitte la négociation et, jusqu’à 17h 30, maintient son refus de l’union s’il n’est pas tête de liste. Alors que nous nous rassemblons pour une photo à 3, il arrive enfin et prend place avec son équipe sur la photo, sous les acclamations générales, mais sans se départir d’un air renfrogné.
Nous interprétons ce ralliement comme l’enterrement de ses prétentions à la mairie. Nous nous trompons.

La nuit de lundi, une fois calculée la répartition des places sur la liste selon la règle d’Hondt (fusion à la proportionnelle ordonnée), la composition de la liste de l’Union citoyenne s’effectue paisiblement. Franck le Bohellec n’a repris aucun des conseillers municipaux sortant du groupe UMP, et les a remplacés par des "EELV-compatibles" (non sans quelques grincement de dents). JF Harel reste seul représentant de la droite historique de Villejuif sur la liste de l’Union citoyenne.

En revanche, dans la pièce à coté, notre ami Gila, qui réalise, à s’en crever les yeux, le matériel de campagne "à envoyer chez l’imprimeur demain matin", est grossièrement agressé par deux membres de l’équipe Harel. Edouard Obadia joue un rôle décisif pour calmer le jeu et se fait alors remarquer comme l’homme de la « fusion loyale » au sein de l’équipe Harel.

Mis à part quelques couacs (comme la sortie d’un matériel propre, telle la « Statue de la Liberté à l’écharpe blanche », sans l’accord des autres), JF Harel et son équipe vont jouer le jeu entre les deux tours. Mais le soir de la victoire JF Harel tente jusqu’au bout de prendre la parole au pot de victoire, à la place de Franck.

2. Lundi-mardi : le départ de JF Harel

C’est lors des premières discussions du lundi matin, après la victoire, pour construire l’exécutif, que les premiers frottements réapparaissent. Nous présentons nos candidats et proposons de structurer l’exécutif à partir de nos 8 engagements communs. Les autres se taisent sur les propositions de personnes, préférant d’abord construire la charpente des postes… par amendement sur le schéma de l’équipe sortante. Nous remarquons alors que JF Harel (et dans une moindre mesure P. Vidal) ne se sent guère lié par le « programme commun » de la profession de foi, notamment sur la santé préventive (point 7).

A la suspension de séance, P. Vidal exige que les réunions suivantes ne réunissent que les 4 têtes de listes et à huis-clos. Puis il exigera que le contenu de ces négociations reste secret, ce qui est contre nos principes mais présentera l’avantage d’éviter de mettre trop vite sur la place publique ce qui va suivre. Par ailleurs une « règle des 3 sur 4 » est adoptée pour trancher en cas de non-consensus.

De fait, dès le lundi soir et le mardi, alors que l’on progressait bien dans la construction du bureau municipal, JF Harel, sans communiquer la moindre proposition de poste pour ses colistiers du premier tour, revient à plusieurs reprises sur sa volonté intransigeante d’être le maire. Il se heurte à la volonté des 3 autres de respecter le choix des électeurs. JF Harel annonce qu’en dépit de la règle des ¾ il sera candidat samedi.

Mardi soir, devant son obstruction, Natalie finit par demander une suspension de séance pour continuer à 3, constatant que JF sera dans l’opposition. Celui-ci sorti, elle fait remarquer que certes l’Union réduite à 3 aura une majorité de 24 voix mais que ça ne suffira pas et qu’il faut tenter de réintégrer les colistiers issus de la liste Harel, Vivre à Villejuif. Aussitôt contacté, Édouard Obadia et Cécile Duboille-Obadia donnent leur accord pour tenter de rallier les colistiers de Harel.

Décision est prise que si JF Harel revient dans le jeu, il pourra être VP à l’Agglo Val de Bièvre (l’autre vice-présidence étant pour Alain L), mais qu’il ne peut plus être dans l’exécutif à Villejuif, son instabilité et son manque de loyauté risquant en permanence pendant 6 ans de nous replonger dans le psychodrame de ces derniers jours.

3. Mercredi : Loyauté d’une majorité de « Vivre à Villejuif », repêchage de Catherine Casel.

Mercredi, alors que les négociations se poursuivent à 4 (c’est alternativement Edouard ou Cécile Obadia qui représente dorénavant Vivre à Villejuif) pour distribuer les responsabilités, Mme Tijeras (2e sur la liste Harel) se présente et demande d’être maire adjointe à l’école. On lui fait observer qu’on a déjà pensé à quelqu’un d’autre. Sans entendre d’autres propositions, elle repart en claquant la porte.

Finalement Édouard et Cécile Obadia nous assurent pouvoir compter sur 7 sur 10 de Vivre à Villejuif. Ils s’inquiètent alors du faible nombre de maires adjoints qu’il leur reste. Natalie fait la proposition qu’on pourra nommer, après samedi, de nouveaux maires adjoints aux quartiers et délégués pour rééquilibrer en fonction des votes que Vivre à Villejuif aura effectivement accordés à Franck.

Parallèlement, Natalie constate avec stupéfaction que dans la liste des demandes de postes présentées par P. Vidal, Catherine Casel, sa deuxième de liste, est confinée à un « délégation environnement » sans titre de maire-adjointe. Elle insiste sur la légitimité de Catherine et l’importance d’avoir un/e maire-adjointe « Environnement », et obtient gain de cause pour Catherine.

Comme prévu, Natalie obtient un gros périmètre de maire adjointe à l’urbanisme-habitat, Monique Lambert est m. a. à la solidarité.

En revanche, bien que la défection de Harel nous donne un m.a. de plus, nous ne parvenons pas à promouvoir Parick Stagnetto du poste de c.m. délégué espace vert (qu’il avait dès mardi matin) au titre de maire adjoint. Sa qualification de délégué central Cgt lui nuit plutôt qu’elle ne le sert aux yeux de nos partenaires, ce qui est à mon sens une erreur. Du coup Natalie exige et obtient que Sylvie Thomas soit m.a. à la démocratie participative.

Pendant toutes ces négociations, nous n’informons et consultons, conformément aux exigences de huis-clos, que les personnes intéressées de notre liste (« nous » signifiant ici : Natalie, Monique et Alain)

4. Jeudi : Offensive Vidal.

Alors que tout semble réglé, P. Vidal demande une nouvelle inversion de l’ordre des « maires adjoints » : il veut être 1er m. a. sous prétexte qu’il a fait 35 voix de plus au premier tour que Natalie. Les 3 autres ont beau lui faire valoir que les électeurs ont voté pour la liste Union citoyenne qui la mettait en seconde position du fait de la parité H/F et que la question de l’égalité H/F est importante pour notre liste, mais aussi que toute la ville est personnellement reconnaissante à Natalie d’avoir dès le début de la campagne proposé la fusion au second tour alors que, de la part de EELV, cela lui a couté beaucoup, qu’elle est en réalité la seule ayant l’expérience d’un exécutif local : Philippe Vidal n’en démord pas et, rompant une seconde fois (après Harel) avec la règle des ¾, exige une consultation de tous les élus de la liste.

Devant l’effondrement de la règle des ¾, Franck organise une consultation par email des 31 colistiers élus et restés fidèles à l’Union.

Franck rencontre Mme Cordillot. Entretien extrêmement courtois. Mme Cordillot le félicite pour la correction de nos troupes dans la campagne et rajoute que les « retours » de ses militants confirment cette correction. Cependant des rumeurs courent en ville sur la volonté d’une fraction « dure » du PCF de chahuter la séance du CM de samedi.

Le soir est distribuée une convocation de JF Harel à un "conseil préparatoire extraordinaire" de la liste de l’Union. C’est ce "conseil " qui aurait à charge de désigner le maire ! Anonyme, la convocation reprend la belle charte graphique que, assiégé et insulté par deux harelistes furieux, Gila avait eu tant de mal à mettre au point dans la nuit de lundi :

PDF - 1 Mo
La "convocation" Harel

5. Vendredi, défaite finale de Harel

Le dépouillement du vote par email donne une large majorité à Natalie comme première adjointe avec le périmètre prévu.
Tout est donc tranché (pour le moment).

Franck téléphone au sous-préfet pour demander un service d’ordre à l’élection de samedi. Lequel l’informe que JF Harel vient de faire de même, en se présentant à lui comme le futur maire de Villejuif… Passant à l’échelon supérieur, JF Harel affiche dans toute la ville sa fausse invitation.
Nous donnons carte blanche à nos colistiers d’y aller ou pas, d’autant que Catherine Casel invite à un buffet sympa « pour mieux faire connaissance ».

D’après nos colistiers rendus sur place, JF Harel lance à ses troupes un appel pathétique… et récolte une ferme condamnation de ses amis, y compris de ses plus anciens fidèles. Un de ses colistiers résume la situation : « Tu t’es comporté en gourou du Temple du Soleil nous invitant à nous suicider avec toi ! les Villejuifois ne te le pardonneront pas. »

****

La suite est déjà publique, et racontée ici.

Nous, EELV Villjuif, avions loyalement accepté la fusion des 4 listes, « même avec Harel », subissant les reproches de certains de nos sympathisants, en particulier de certains de nos colistiers qui refusèrent d’y « aller avec Harel », des jeunes des cités qui ne pouvaient supporter JF Harel et accordaient « le bénéfice du doute » à Franck le Bohellec. Nous avons reçus des injures de toute la France, qui s’imaginaient que la fusion avec la liste « centriste » soutenue par l’UDI (celle de Harel) passait encore, mais pas avec celle soutenue par l’UMP.

Nous avons accepté ce deal en connaissance de cause, parce que c’était nécessaire, pour changer, à Villejuif. Seulement voilà : nous exigeons la réciprocité.

L’Union citoyenne a dorénavant une opposition de droite, que nous espérons constructive.

Moralité : la carte n’est pas le territoire, l’habit ne fait pas le moine. L’étiquette politique encore moins. On le savait déjà ? Mais ce qu’il a de bien avec la politique, c’est que la comédie humaine s’y donne en spectacle sans fard. Mais brutal.

Commentaires

19 Messages

  • Laurent 9 avril 2014
    17:53

    Cher Monsieur Lipietz,

    « quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage » :
    -  je ne pense pas que les 187 voix d’avance de Le Bohellec sur Harel représente « une nette différence de score » surtout quand on sait que, où que ce soit, l’étiquette UMP apporte quasi-automatiquement 10 à 15%. Je pense que c’est plutôt le contraire. L’étiquette UDI, je crois que c’est évident pour chacun, ne draine pas autant. La performance de Harel est donc assez remarquable, quoiqu’il vous en coûte de le reconnaître.
    -  Quoiqu’il en soit, la prétention de Harel à revendiquer le poste de Maire, si c’est vrai, n’est évidemment pas justifiable, dès lors que Le Bohellec voulait assumer ce pour quoi il s’est présenté aux suffrages. Même avec une seule voix d’avance, Le Bohellec eût été légitime.
    -  Le vrai but de votre article, c’est de nous faire croire que Harel, c’est la vraie droite (en raison de quoi ? réponse : de son caractère ingérable !!), tandis que Le Bohellec, qui s’est comporté en démocrate (ce que je ne mets pas en cause), est Verts-Gauche -compatible. Aucune analyse politque.
    Ce n’est pas très sérieux !

    La politique est faite avec des hommes et des femmes de chair et d’os, certes, mais elle est aussi faite avec des appartenances qui déterminent des votes. L’homme Le Bohellec est sans doute quelqu’un de très bien, mais il reste avoir été élu avec l’étiquette UMP et cette dernière saura certainement le lui rappeler en temps utile, si cela n’a d’ailleurs pas commencé.

    Autre chose qui m’a choqué : assez naïvement, vous tentez de justifier un comportement pas du tout démocratique, comme cette règle des ¾ que …trois sur les quatre adoptent !! (cf le chien de l’adage cité plus haut)
    Plus gros encore : « (décision est prise) qu’il (Harel) ne peut plus être dans l’exécutif à Villejuif, son instabilité et son manque de loyauté risquant en permanence pendant 6 ans de nous replonger dans le psychodrame de ces derniers jours. »
    Ainsi, l’opinion psychologique des trois co-listiers (dont la stabilité politique et la loyauté de chacun est bien connue !) prime donc sur le vote de vos concitoyens ?
    Au passage, votre jugement est à l’exact opposé de la réalité : Harel est au contraire très stable (jusqu’à l’obstination parfois) et je ne connais pas de personne plus loyale ni intègre. La vérité toute simple, c’est que ce qui s’est passé est le résultat de ce que j’appelle le TSH (tout sauf Harel). Cela n’a rien de politique, c’est un précipité chimique de relations inter-personnelles.

    Non, vraiment, je crois que si vous voulez que cette Union Citoyenne qui est une belle idée et qui peut être féconde, ne sombre pas, pour que le PCF ne récupère pas la Ville dans six ans, il faut que soyez plus attentif aux équilibres politiques réels et les respectiez un peu mieux. Imposez plutôt entre vous des règles de fonctionnement qui tiennent compte de ces équilibres et qui ne dépendent pas du caractère des individus, ce sera plus crédible et plus intéressant que le récit de vos distributions de poste.

    Harel a un caractère peu maniable, je n’en disconviens pas, mais son flingage (quelles que soient les maladresses qu’il a probablement commises) est une véritable c… politique ! J’en imagine une, qui, en lisant votre comte-rendu très « bisounours », doit se dire : plus que cinq ans onze mois et trois semaines à attendre avant que je retrouve mon fauteuil !

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    • 9 avril 2014
      23:25

      Bonjour,

      Je pense qu’il faudrait arrêter de vous tirer dans les pattes publiquement (ex contre M. Vidal) pour ne pas décrédibiliser l’union.
      Les Villejuifois comptent sur vous, et j’en fait partie !!
      Ne donnez pas des arguments à l’équipe Cordillot.
      Parfois le secret à du bon !

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      • Alain Lipietz 10 avril 2014
        00:50

        Bonjour

        Regardez, écoutez autour de vous : M. Harel se répand cette semaine, comme depuis 6 ans, sur le thème « ils m’ont éjecté sans raison » . Et la presse (Le Parisien, 94-Citoyens) reprend cette version comme une vérité possible.

        Nous sommes donc, nous EELV, amenés à redndre publique notre vision des choses. Quant au fait que remettre les pendules à l’heure serve les intérêts des ex de la liste Cordillot, là encore écoutez-les, lisez la presse. Selon eux, l’étrange attelage se serait effondré dans des querelles d’ego.

        Mettons les points sur les i : une personne et une seule, appuyée par quelques uns, a quitté l’Union pour u problème d’ego. Mieux vaut que ce soit arrivé avant l’élection du maire et de ses adjoint-e-s.

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    • Alain Lipietz 10 avril 2014
      00:40

      Cher Monsieur

      En vous lisant et en me relisant, je vous donnerais volontiers tort sur un point mineur, et raison sur un point plus fondamental.

      Le point mineur (mineur, puisque vous admettez que UNE voix d’écart suffit à l’emporter dans une élection et qu’il revenait incontestablement à M. le Bohellec, vainqueur de la « primaire » du premier tour, de conduire notre liste au second tour et d’être maire s’il le souhaitais) est votre insistance sur le faible écart séparant MM. Harel et le Bohellec. Je suis moins strict que vous : pour quelques voix d’écart, on aurait pu discuter. Mais M. Harel a obtenu 2173 voix au premier tour, M. le Bohellec 173 voix de plus : soit 8% de plus. Un écart de 8%, c’est bien plus que bien des primaires et bien des finales (par exemple le second tour entre M. le Bohellec et Mme Cordillot). Il n’est pas excessif de qualifier cette différence de « nette ».

      A quoi vous opposez, pour minorer le succès personnel de M. le Bohellec, que l’étiquette UMP était a priori plus porteuse que l’étiquette IDI. Bof. Ce n’est pas ce qu’indiquaient les sondages pré-électoraux. Se prévaloir de Borloo était plus léger que se prévaloir de Copé – ce que M. le Bohellec a soigneusement évité.

      Votre critique plus grave, et que j’accepte, est de me servir de l’attitude de M. Harel pour insinuer qu’avec son départ la droite aurait quitté l’Union citoyenne, avec des phrases telles que « le départ de M. Harel signifie que la droite historique de Villejuif ne se reconnaît plus dans l’Union citoyenne ». C’est exagéré, maladroit, probablement faux. J’aurais été mieux inspiré d’écrire « Avec le départ de M. Harel, représentant historique de la droite a Villejuif, les électeurs de gauche pour les listes ayant composé l’Union ont mois de réticence envers celle-ci ». Cela est certain. En revanche nous avons pu constater qu’en fait nous, EELV, nous trouvons tout à fait à l’aise avec les colistiers de M. Harel, comme de M. le Bohellec, restés fidèles à l’Union. Ce qui est cohérent avec ma conclusion : se défier des étiquettes.

      Et oui, se plier ou pas à la majorité, c’est déjà une délimitation politique. Mais comme je l’ai indiqué, M. Harel n’acceptait pas non plus des points de notre programme qu’il avait pourtant signé, comme le point 7. Il y avait du « comportemental », mais pas que du « comportemental » dans l’attitude de M. Harel, de plus son comportement avait une dimension politique ! Dès lors, à partir du moment où il annonçait qu’il se présenterait contre le candidat de notre liste d’Union, je m’étonne que vous ne compreniez pas le refus de ses 3 partenaires de continuer à travailler avec lui.

      Quant à la règle des ¾, acceptées par les 3 autres parties à partir du moment où M. Vidal l’a exigé, là encore je dirais « bof ». Elle était rapide et opérationnelle tant que chaque ex-liste du premier tour se sentait représentée par sa tête de liste, et réciproquement. J’aurais eu évidemment la préférence pour un vote à la majorité des élu-e-s de la liste unifiée, exactement comme je préférais les votes en Parlement européen plutôt que les votes en Conseil européen (où chaque pays est représenté par son gouvernement). Mais bon, à contrecœur nous l’avons acceptée « pour ne pas faire de problème » et nous y sommes tenus au long de cette semaine d’intenses négociations. L’expérience a montré qu’elle permettait d’obtenir un résultat non seulement rapide mais aussi représentatif : M. Harel a été désavoué par sa propre base, M. Vidal a perdu quant il l’a rejetée et a demandé le vote de l’ensemble des élus de la liste.

      J’insiste : ce que nous voulons dire après cette série d’incidents, en tant que EELV à Villejuif, c’est que, une fois passé un accord, que ce soit sur les règles de décision ou sur le contenu programmatique (exemple ici le point 7 sur la politique de santé préventive) , nous nous y tenons loyalement. Nous regrettons comme vous que M. Harel et quelques autres aient choisi de s’en aller sur un argument que nous jugeons pauvre : la « légitimité supérieure » de M. Harel. Ce que nous attendons des autres listes, et ce qui sera le ciment de l’Union, c’est la réciprocité dans la loyauté.

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      • kamaja77 10 avril 2014
        15:51

        moi qui ne suis pas citoyenne de villejuif, je déplore surtout qu’EELV, qui est censé etre un parti à mouvance de gauche, ait préféré s’allier à la droite quelle qu’elle soit, pour mettre en échec un maire PCF...il s’agit simplement d’une attitude anti-communiste, d’une simple volonté de pouvoir et totalement opportuniste. c’est contraire aux valeurs de gauche ! je plains sincèrement les citoyens de villejuifs qui auront à goûter d’une politique de droite grace à votre aide ...

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        • Alain Lipietz 10 avril 2014
          21:47

          En effet on voit bien que vous n’êtes pas de Villejuif. Villejuif est une ville de gauche, et si elle a donné la majorité à la liste Union citoyenne pour Villejuif, c’est qu’elle l’a considérée plus à gauche que celle de Mme Cordillot.

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          • franck Bréau 11 avril 2014
            23:25

            Oui notre ville est une ville de gauche. Mais le problème c’est que tout comme le gouvernement socialiste, EELV s’est convertie au libéralisme. Sinon comment expliquer que 10 députés EELV aient voté la confiance au gouvernement Valls ? Finalement votre alliance avec l’UMP et l’UDI n’a rien d’étonnant.

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          • Denis ELEYEHOU 14 avril 2014
            04:04

            "était" une ville de gauche...

            Vous venez de la sacrifier sur le bûcher allumé par une droite qui ne représente guère plus de 30% (UMP-UDI-FN) à Villejuif.

            Merci encore M.LIPIETZ, j’aimais les écologistes mais grâce à vous je vais les voir autrement dorénavant.

            Ah et je vous serai gré de ne pas me la faire à moi votre "en effet on voit bien que vous n’êtes pas de Villejuif", car j’y ai fait mes classes dès la primaire et j’ai aujourd’hui 41 ans, ce serait offensant...

            J’aime ma ville monsieur LIPIETZ, même si je n’étais pas d’accord sur tout avec la politique menée jusqu’ici. Et vous ?

            Bon courage malgré tout et investissez dans un excellent parapluie, l’orage arrive cher monsieur...et il risque de durer 6 ans !

            Je m’appelle Denis ELEYEHOU, je suis adhérent et militant PCF, comme l’était ma défunte mère, enterrée dans cette ville que vous venez d’offrir à la droite.

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            • Alain Lipietz 19 avril 2014
              01:37

              Bonjour Franck Bréau et Denis Eleyehou

              Je crois que votre désaccord vient d’une confiance excessive envers les étiquettes. Villejuif est une ville de gauche qui était géré par des partis dits de gauche appliquant une politique de droite. Décidée à se débarrasser non de ces partis, mais de cette gestion, elle a divisé son vote au premier comme au second tour entre plusieurs listes.

              Au second tour, 56,5 % des voix sont allés contre la liste PCF-PS-MRC-PG-GC : pour 48,8 % à la liste « Union Citoyenne » et 7,7 % à la liste FN. Si vous considérez que la liste Union citoyenne est de droite, Denis Eleyehou a raison (homme de terrain, il ne contestera pas que cette sanction écrasante reflétait fidèlement la rage de la population contre l’équipe sortante) et il faut s’interroger sur un tel renversement de l’opinion publique à Villejuif. Si vous considérez que la liste « Union Citoyenne » représentait aux yeux des Villejuifois une politique plus progressiste que celle de M. Cordillot, Franck Bréau a raison, mais il faut s’interroger sur le vote des 43 % restant à la liste Cordillot, dont 4 élus sur 10 sont socialistes ou chevènementistes. Or Franck Bréau ne contestera pas qu’ils prônent une politique de droite (enfin, pour le MRC, c’est variable).

              Quant aux EELV de Villejuif, ils étaient, avant même d’être suspendus, dans l’opposition « de gauche » au soutien aveugle de leur direction EELV à la politique du gouvernement socialiste.

              Bref : se méfier des étiquettes.

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      • Laurent 12 avril 2014
        02:35

        Cher Monsieur Lipietz,

        1/ M.Harel a fait un score de 15,81% au premier tour et M. Le Bohellec 17,15 % : ça ne fait pas 8% d’écart !! Auriez-vous oublié l’arithmétique la plus élémentaire ?

        2/ vous admettez la "maladresse" de votre formule mais maintenez l’erreur. M. Harel ne représente sûrement pas la droite historique (dont M. Le Bohellec a viré les représentants de sa liste pour faire l’Union, ce que j’approuve) pour laquelle je n’ai pas plus de considération que pour le communisme français archaïque concernant les enjeux actuels.

        3/ Vous arguez maintenant d’un point 7 , non évoqué précédemment (tiens ?) et que j’ignore, pour rendre politique la décision de l’exclure. Hum ! Peu recevable.

        4/ Quant à la loyauté, c’est une valeur "absolue" qui n’a que des applications relatives. Je ne vous ferai pas le reproche, comme d’autres commentateurs de ce blog, de vos "fidélités successives" : seule compte la construction loyale d’un avenir.

        Pour conclure, c’est bien "comportemental". Pourquoi faire plus confiance à votre loyauté dans le futur qu’à celle de M. Harel ? Il reste, in fine, que vous (et les deux autres partenaires) ont bien exclu, pour des raisons politiciennes à très courte vue, 15,81% de l’électorat qui souhaitait vous voir gouverner ensemble.

        Très franchement, je ne pense pas que cette épine soit encore sortie de votre pied.

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        • Alain Lipietz 19 avril 2014
          01:12

          Cher Laurent,

          1. En réalité, le Bohellec/Harel = 2356 / 2173= 1,084. F. le Bohellec fait 8,4 % de voix plus que JF Harel. Ce n’est pas 8 %, mais je maintiens que qualitativement l’écart est significatif.

          2. Si, M. Harel était la tête de liste de droite aux précédentes municipales.

          3. Le point 7 de notre programme est là. Vous l’aviez complètement oublié ? M. Harel aussi. Pas nous. Et nous le mettrons en œuvre.

          4. Entièrement d’accord.

          Conclusion : je suis resté fidèle au vœux des électeurs du premier tour sur l’ordre entre MM. le Bohellec et Harel (alors que je n’y avais aucun intérêt personnel), je sui resté fidèle au point 7 (sur 8) de nos engagements devant les électeurs (même remarque) ; donc 2 à 0 quant à ma loyauté par rapport à celle de M. Harel. Quant à lui, personne ne l’a exclu : il voulait seulement être maire à la place de celui que les électeurs avaient désignés et il est parti tout seul, c’est son choix.

          Cordialement

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  • 10 avril 2014
    15:17

    Bonjour,

    je m’intéresse à la vie de Villejuif. Donc, les municipales sont un des temps forts. Et ensuite, je garde des documents distribués par les uns et autres au fil des ans. Petit retour dans un passé récent : 6 ans. Monsieur Harel déplorait, avec juste raison, une forte abstention en 2008. Je pense que c’est un point d’accord, pour tous, au delà des clivages politiques. En 2014, c’est pire ! Serait-ce uniquement à Villejuif ? Pas du tout ! Il est des communes de démographie moindre où les électeurs se sont déplacés à 70, 80, voire plus de 90 % ! Ces communes, personne n’en parle !

    Analysons les raisons : Les Français n’ont pas voté, par dépit, ou se sont réfugiés dans un vote protestataire extrémiste. Je pense en particulier aux listes du FN. Les problèmes d’égo ont fatigué les électeurs. Et lors de la 3ème mi-temps, les tractations font penser à un accouchement aux forceps ! Pour avoir œuvré dans des collectivités territoriales, un conseil : ne décevez pas les électeurs par des clivages partisans. Une grande louche de consensuel dans les décisions. Quand je lis sur ce forum qu’il faudra attendre 6 ans avant d’envisager l’alternance, rien n’est plus faux. Le meilleur exemple se déroule dans la ville de Fontainebleau dans le mandat 2002 / 2008 où le Maire en place a été obligé d’avoir recours au sous-préfet pour établir le budget, plutôt fâcheux pour une ville sous-préfecture, avant de rendre son écharpe le quorum n’étant pas atteint. N’en arrivez pas là, nous serions la risée de la France !

    Pour Monsieur Lipietz, une question. Elections cantonales. Une photo est prise où l’on retrouve Madame Taillé Polian, Monsieur Le Bouillonnec et vous Rue Jean Jaurès. C’était il y a quelques années : curieux, non ?

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    • Alain Lipietz 10 avril 2014
      21:59

      Bonjour,

      et merci pour vos encouragements et vos conseils d’unité. Je pense que les colistiers de l’Union citoyenne en sont conscients, d’où la révolte des propres colistiers de M. Harel devant son attitude.
      S’agissant de la photo que vous évoquez : il s’agit d’un souvenir des cantonales de 2011. Le PS et EELV s’était alors alliés sur les deux cantons de Villejuif, se soutenant mutuellement. Au premier tour nous étions arrivés en seconde position derrière le PCF, la droite étant éliminée. Malheureusement, le PS avait « changé de camp » entre les deux tours, transférent son logo sur l’affiche du PCF !

      Cette triste expérience, racontée ici, d’un allié aussi peu fiable n’a pas peu contribué à la détermination de notre stratégie pour l’élection municipale.

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  • 10 avril 2014
    17:15

    Le renoncement de convictions au profit de quelques places via de basses manoeuvres électorales...

    EELV n’en sort pas grandie...

    Beuarkkk !

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    • Alain Lipietz 10 avril 2014
      21:57

      Cher anonyme , voyons !!

      Si nous avions fusionné à la proportionnelle avec la liste de Mme Cordillot (32 % contre 10,5 %) nous aurions eu un quart des maires adjoints et plus de C.M qu’en fusionnant avec les 3 autres listes de l’Union citoyenne (42,5 % contre 10,5 % )

      Si nous avons renoncé à ces places c’est à cause de nos convictions.

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  • Mimi la colère 10 avril 2014
    18:34

    Je croyais que vous étiez "suspendu" d’EELV et pourtant vous utilisé la charte graphique de ce mouvement. Ce que vous reprochez à Harel n’est pas valable pour vous......

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