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30 décembre 2013
Alain Lipietz

Campagne municipale : un bilan d’étape.

Rapport de A. Lipietz, responsable du groupe EELV Villejuif.

A Villejuif, EELV s’est engagé dès 2011 dans un processus de longue haleine pour construire une offre politique cohérente, démocratique, écologiste, solidaire, et surtout gagnante, face à la dérive productiviste de la majorité sortante PCF-PS. Petit bilan (forcément subjectif) à 3 mois de « l’épreuve ».

1. Petit retour sur le passé

L’opposition des écologistes villejuifois à la politique locale du PCF est ancienne. Dès 1995, et alors même qu’au niveau national ils se prononçaient plutôt pour l’alliance à gauche (que Dominique Voynet, candidate présidentielle, refusait encore entre les deux tours), ils avaient constaté que les divergences, y compris éthiques, étaient trop fortes avec un PCF local particulièrement « marchaisien » (Georges Marchais, secrétaire national du PCF, fut longtemps le député de Villejuif, son suppléant étant le maire P. Y. Cosnier).

Ces divergences portaient en effet sur la pratique de la fraude électorale, mais aussi : sur le fond d’une politique urbaine trop dépendante des besoins de financement du système PCF via son aménageur, la Sidéco ; sur la sous-évaluation des problèmes de sécurité et de tranquillité publique ; sur l’absence d’une politique active de l’emploi à Villejuif ; sur la négligence de ce qu’on pourrait appeler « l’embellissement de Villejuif » (abandon de la Fête des Fleurs, destruction systématique du patrimoine, en particulier des derniers restes du château Saint-Romain, etc.).

Les Verts, très faibles localement, choisirent de lancer une liste citoyenne, Villejuif Autrement, fondée sur les valeurs de « Démocratie, solidarité, écologie ». La liste obtint un peu plus de 9% aux municipales de 1995 et, un an plus tard, l’élection de 1995 ayant été invalidée pour fraude, encore un peu plus.

Toutefois, l’arrivée de Mme Cordillot à la mairie laissait espérer une évolution plus démocratique du PCF local (voir à ce sujet l’interview ici sur l’évolution du PCF villejuifois). En 2001, la liste Verts-VA (que je conduisais, comme les deux précédentes) obtint un grand succès (près de 24 %), et pratiqua une opposition constructive en conseil municipal.

En 2007, une liste MoDem freina cette progression en captant une partie du vote « centre et gauche différents » des Verts-VA. Les deux listes obtinrent chacune 14% environ, et surtout mirent pour la première fois la liste PCF / PS en ballottage, ce qui nous posa pour la première fois les problèmes d’alliance de second tour. Le débat, mal préparé, tourna court. Une tentative de négociation avec Mme Cordillot se heurta au net refus d’une fusion à la proportionnelle : le PCF ne nous offrait qu’une représentation ridicule. Par ailleurs, personne n’envisageait une fusion avec la droite rassemblée par M. Harel.

La vraie question était la fusion avec la liste MoDem. Elle fut traitée dans la précipitation au soir du premier tour. L’hostilité envers la fusion avec un parti alors catalogué à droite l’emporta sur l’avantage minime d’unifier 28 % de l’électorat, ce qui ne présentait guère d’intérêt face une liste PC-PS dont la victoire était certaine. Rétrospectivement, s’être privé d’une opposition « centre gauche-écologiste » aussi conséquente apparaît comme une faiblesse, mais on ne peut reconstruire l’histoire rétrospectivement ! Dans les faits, les convergences en conseil municipal apparurent fréquentes, et le MoDem villejuifois approuva le choix de Bayrou en faveur de Hollande, se plaçant ainsi, ni plus ni moins que le PCF local, dans la majorité présidentielle nationale (mais pas plus que lui dans la majorité gouvernementale).

Parallèlement, la droite Harel éclatait presqu’aussitôt, pour des raisons sans doute liées à la personnalité de M. Harel, la grande majorité de ses élus constituant un autre groupe en Conseil municipal.

Quant aux Verts-VA, ils prirent l’habitude de ne plus travailler qu’ensemble, sans souci des appartenances. La création de Europe Écologie confirma au niveau national cette pratique « coopérative », et Jeanine Rollin-Coutant, membre de Gauche Citoyenne, devenue présidente de Villejuif Autrement après le départ de Dominique Guibert pour les plus hautes responsabilités à la Ligue des Droits de l’Homme, fut imposée par Natalie Gandais (alors chargée par la direction régionale de Verts de travailler à la construction du rassemblement Europe Écologie) sur les listes Europe-Ecologie aux européennes puis aux régionales.

Toutefois, Jeanine Rollin Coutant resta peu de temps conseillère municipale, cédant la place à Catherine Casel ; le second de liste, François Labat, resta plus longtemps, mais "cala" après son échec aux cantonales et céda la place à Michel Bentolila.

Malheureusement, début 2012, des divergences apparurent dans VA sur la question de l’immigration et de la liberté religieuse pour les musulmans. La majorité de VA décida de se séparer des Verts et de ne pas se représenter aux élections municipales.

Pendant toute cette période, la question du PS apparut stratégique. Dès 1995, les dirigeants locaux et départementaux du PS, sollicités pour une alliance avec nous au niveau local, nous répondirent que les accords nationaux et départementaux imposaient de laisser Villejuif au PCF. C’est seulement aux élections cantonales de 2011 que le PS accepta une alliance avec nous. Hélas, au soir du premier tour (où les candidats PS et EELV de Villejuif arrivaient second derrière le PCF et avaient des chances de l’emporter au second tour, la droite ayant été éliminée), le PS renversa ses alliances et reporta son logo et ses consignes de vote sur le PCF. Une petite minorité du PS refusa ce lâchage en pleine bataille, et le candidat EELV, François Labat, ne pouvant bénéficier de la légitimité de l’alliance initiale, ne put que frôler les 40% face au candidat PCF-PS. Score qui montrait néanmoins que la victoire locale était à portée de main, avec cependant l’insoluble problème d’un PS institutionnellement rivé à l’alliance avec le PCF.

2. EELV et L’Avenir à Villejuif dans la campagne 2012-2013.

Lors d’une dîner commun Verts-VA, en juillet 2011, les écologistes tirent un bilan optimiste du relatif succès de leur candidat, et esquissent une stratégie : rassembler une liste citoyenne plus large que ne l’avait été VA dans la seconde partie des années 90, et lui proposer Natalie Gandais (dont les qualités d’animation ont éclaté dans la campagne des cantonales) comme tête de liste. Une fois cette démarche officialisée (à l’unanimité du groupe EELV), A. Lipietz est alors nommé (toujours à l’unanimité) à la succession de N. Gandais comme responsable du groupe de Villejuif.

Ce projet se concrétisera fin 2012 avec le lancement des Ateliers de l’Avenir à Villejuif (AAV), avec Natalie Gandais et Michel Cantal-Dupart comme co-présidents. Pendant les années 2011-2012, et parallèlement à une série de luttes pour le logement, la défense de la « coulée verte » à l’Ouest de Villejuif et à l’organisation des élections cantonale, présidentielle, législative, Natalie Gandais avait déjà organisé une série de mini-colloques villejuifois sur les sujets divers, invitant les « forces vives » de Villejuif au débat (sur la santé, l’alimentation, l’emploi, etc). Mais le choix du célèbre urbaniste Cantal-Dupart comme co-président traduit la montée en puissance de la question urbaine.

Les projets de « Grand Paris » de N. Sarkozy soutenu par le PS régional, et l’arrivée annoncée de deux lignes nouvelles de métro sur Villejuif, provoquent en effet au PCF une poussée de testostérone mégalo-politaine. « Villejuif, demain, c’est Paris ! », proclamera le 1er adjoint à l’urbanisme, Philippe Lebris.

C’est surtout pour le PCF l’occasion de relancer à toute vapeur les manœuvres urbaines de son aménageur, la Sidéco devenue Sadev. Comme dans les année 90, les projets de Zac se multiplient, et le projet de PLU organise la densification de Villejuif : remplissage des derniers terrains en pleine terre de Villejuif (terrain des Maraîchers, terrain Mollicone, démantèlement du parc des Hautes Bruyères), densification tout du long de la Nationale 7, quasi-doublement du coefficient d’occupation des sols dans les zones pavillonnaires. Et pour faire pièce à l’afflux des classes moyennes fuyant la cherté du logement à Paris, la mairie, pourtant incapable de rétablir la tranquillité demandée par les habitants des cités HLM, où le vote FN dépasse désormais comme sur l’ensemble de Villejuif le vote pour la droite, promet de construire 50% de logements sociaux...

Cette perspective provoque une flambée de mécontentement populaire : les habitants du pavillonnaires face à une municipalité qui les traite de « nantis », les habitants des grands ensembles qui ne comprennent pas qu’une municipalité incapable d’améliorer leur sort augmente encore la part de la population qui réclamera un soutien public de plus en plus rationné… Cette hostilité se condense contre la Zac Aragon, lutte dans laquelle les EELV sont directement impliqués, avec un rôle d’animation reconnue.

Malgré les séances de « concertation » de plus en plus houleuses, les manif, les pétitions, les démarches auprès des commissions d’enquêtes publiques (qui répercutent dans leurs conclusions la protestation des habitants), la mairie PCF n’en démord pas. Il devient impossible d’envisager même une négociation de second tour avec elle, et les associatifs nous font jurer de n’en rien faire : les élections municipales se joueront « projet urbain contre projet ».

C’est pourquoi les premiers ateliers de l’Avenir à Villejuif se focalisent d’abord sur la question urbaine, en particulier en centre-ville. Les Ateliers accueillent même une stagiaire de Sciences-po Lille pour étudier la situation foncière. Mais pas seulement : il y a aussi la laïcité, avec tous les cultes représentés et un spécialiste du droit public de la laïcité, la santé préventive, avec le professeur Belpomme…

Mais au cours des enquêtes de terrain, on prend la mesure de la question de la sécurité et de la tranquillité publique. Car deux éléments ont aggravé le problème déjà pointé en 1995 : la ghettoïsation des quartiers HLM sous le coup de la crise et du refus du Pcf d’y développer une politique d’emploi local (fondé sur l’économie sociale et solidaire) ; le développement foudroyant de l’économie de la drogue. Ce n’est plus seulement Armand Gouret ou Delaune qui est touché, mais la totalité du parc Hlm, Lamartine et Mermoz, Le Vercors, et même les Hautes Bruyères (conçues à l’origine pour le logement intermédiaire en accession !), et même le centre ville.

En juillet est alors organisé un atelier sur la tranquillité publique. Les spécialistes invités, partisans de la police préventive de proximité cassée par Sarkozy, nous font comprendre que si nous en voulons une, il faudra se la payer nous-mêmes : une police municipale (les « sergents de ville », avant leur suppression par Pétain), la police nationale se spécialisant de plus en plus dans la PJ et la répression avec les Brigade Anti-Criminalité. Or le PCF, qui maintient une relation clientéliste avec une petite partie de la jeunesse des quartiers, refuse de prendre le problème en charge et s’égosille à demander « un commissariat de plein exercice » qu’il n’obtiendra pas, même de Valls, et qui de toute façon ne ferait que renforcer la répression (ce qui, au stade actuel, ne serait pas superflu) sans augmenter en rien la prévention. Rétablir la tranquillité dans Villejuif implique donc toute une chaîne, de la prévention amont à la répression (politique de l’emploi, ESS, intégration démocratique de tous les habitants, jeunesse comprise, dans une politique de quartier réellement participative, équipes de médiation, police préventive municipale, police judiciaire nationale) dont le PCF villejuifois refuse tous les termes, sauf le dernier.

Tous ces ateliers, prenant la suite des mini-colloques EELV de l’année précédente, ont permis aux AAV de se constituer un solide réseau d’experts de niveau national prêts à travailler pour la liste après son élection.

Entre temps, deux réunions successives de EELV Villejuif, la seconde organisé très formellement, avec invitations écrites, par le niveau départemental-régional qui a besoin de contrôler la parité des têtes de listes, confirment à l’unanimité Natalie Gandais comme « première des écologistes » et la stratégie d’une liste citoyenne. A partir de cette date, le groupe EELV de Villejuif s’investit dans la campagne AAV, et ne discute qu’ « en passant » de la vie nationale du mouvement.

Le 18 septembre 2013, l’AG des Ateliers (convoquée de façon elle aussi formelle, avec possibilité de vote par procuration) prend le temps d’un débat très sérieux. Philippe Vidal, adhérent du PS qui a participé à beaucoup de réunions des Ateliers, propose une stratégie : il est certain de gagner la majorité au PS pour rompre l’alliance avec le PCF, puis nous invitera à venir sur sa liste. Natalie Gandais propose la stratégie « liste citoyenne » avec elle à sa tête. Le vote donne l’unanimité pour elle, moins une abstention. Philippe Vidal échouera également dans le PS et lancera néanmoins sa propre liste, Villejuif Notre Ville.

La liste de l’Avenir à Villejuif est aussitôt lancée, se trouve un local dit « Atelier de campagne », très bien placé (merci Monique !), qui permet à lui seul de recueillir de nombreuses sympathies. L’Avenir à Villejuif prend le relais de EELV dans l’interminable série d’enquêtes publiques sur l’urbanisme (voir ces interventions dans les rubriques « Urbanisme » des deux sites internet). L’Atelier de campagne réunit les associatifs pour des « briefings » face à chaque enquête. Les rapporteurs des commissions d’enquête publique sont impressionnés par la mobilisation, et nous donnent à chaque fois des points pour le combat suivant.

Un « quatre pages » est imprimé, qui sera distribué par les militants dans tout Villejuif, du KB à L’Haÿ et d’Ivry à Arcueil, occasion de rencontrer pas mal de monde. Le « 4 pages » comprend une première ébauche du projet et une galerie de portraits de quelques uns de nos « soutiens », dont déjà un ancien de la liste MoDem et un ancien de la liste Harel de 2007, plusieurs syndicalistes (CGT, Sud), plusieurs Villejuif Autrement, et… une mère musulmane en foulard qui présente sa pétition « La Cantine pour Tous », déjà signée par 600 personnes, demandant la possibilité pour les enfants dont les parents le souhaitent de ne pas manger de viande à la cantine.

Il se trouve que cette revendication rejoint les options nationales de EELV, déjà présentées un an plus tôt aux Villejuifois, et mises en œuvre avec habileté par Natalie Gandais dans une agglomération voisine où elle travaille : offrir la possibilité de choix pour les protéines (animales ou végétales) permet de réduire fortement le gaspillage de viande et de financer ainsi le passage au bio, tout en désamorçant préventivement tout conflit religieux dans l’espace scolaire, autour du hallal ou du casher. Le risque assumé de publier la photo d’une sympathisante villejuifoise avec son foulard traduit par ailleurs le refus de toute discrimination à caractère religieuse ou d’origine familiale dans Villejuif, avec le strict respect de la loi de laïcité de 1905 et la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Cette photo et le soutien à « La cantine pour tous » suscite le second accrochage public (après l’urbanisme) de cette campagne, où s’engageront contre nous la liste de Philippe Vidal et le PS, s’appuyant sur des montages, des mensonges (nous voudrions « supprimer la viande des cantines »…) et un article diffamatoire de Marianne explicitement inspiré par « une source proche de la mairie ».

Dans cette bataille, l’Avenir à Villejuif reçoit le soutien actif des végétariens. Elle se termine par une demi-victoire : la maire adjointe actuelle en charge des cantines reçoit 5 mamans, musulmanes ou végé, dont Claire, de EELV, ancienne directrice d’école, et reconnaît le bien fondé de la demande de La Cantine pour Tous… mais renvoie sa réalisation à dans 4 ans, le contrat avec la Semgest venant d’être conclu !!

Cependant, la diffamation Marianne-PS-Vidal se poursuit, malgré nos demandes de droit de réponse. Diffamation spéculant sur une islamophobie déguisée en "défense de la laïcité", d’autant pus ridicule que précisément EELV et L’Avenir à Villejuif se sont opposés de manière argumentée et répétée au cadeau PCF-PS de 3 millions d’euros pour la construction de la seconde mosquée à la place de l’ex-gendarmerie. (Voir ici l’argumentaire et le résumé de l’affaire.)

Pendant ce dernier trimestre 2013, la liste organise une série hebdomadaire d’ateliers thématiques décentralisés, chaque réunion ayant lieu dans un quartier différent et sur un chapitre différent du programme à rédiger. Nous avons recours à un animateur extérieur, François Camé, consultant en développement soutenable et démocratie participative, ce qui nous permet de bénéficier de son efficacité et de son exigence programmatique, comme de sa connaissance des solutions des autres villes.

L’AG de la liste du 19 décembre permet de faire un point sur les alliances possibles de premier et de second tour. On en trouvera ici la synthèse réalisée par Natalie Gandais. Ce qui suit est plutôt un point de vue « EELV ».

3. Les autres forces politiques

a) Le PCF.

La maire sortante et son parti observent pendant toute la période une attitude symétrique à la notre : celle d’adversaires courtois. Pas d’attaque directe sinon sur le fond de nos divergences, une persévérance dans la mise en œuvre de ses projets urbains (pour les rendre les plus difficilement réversibles en cas de défaite), égale à notre acharnement à les combattre. Campagne de « Mme Cordillot candidate » discrète, avec fête de lancement en fin d’année. Mais super activité en tant que maire, avec « visites des quartiers à pied » (sic), lancement de « consultations » sur des projets bidons pour après sa réélection (occasions de meeting de campagne aux frais de la Princesse, avec le logo de la ville) : toutes choses interdites par le code électoral et qui ont valu à Huchon et Sarkozy la censure de la justice. Un relevé de ces délits a été entrepris, n’hésitez pas à prendre des photos et à nous les envoyer !

b) Le PS.

Malgré le lâchage des cantonales, nous avons de nouveau rencontré ses dirigeants afin de leur proposer de faire liste commune au sein de l’Avenir à Villejuif, ce que nous considérons depuis 18 ans comme la solution la plus « naturelle » pour Villejuif. Ils nous expliquent d’emblée qu’ils repartiront avec le PCF. Une discussion plus approfondie montre qu’ils assument avec des nuances la politique urbaine de Mme Cordillot. La discussion reste amicale, mais dès que nous en mettons le compte-rendu sur notre site : engueulades par mail de leur secrétaire de section. Pour garder de bonne relations, nous retirons notre compte rendu, mais comprenons vite la raison de cette colère : la direction du PS de Villejuif n’a pas encore révélé son choix, même à sa base. D’ailleurs, en même temps qu’elle discutait gentiment avec nous, elle imprimait une attaque féroce contre nous, distribuée sur toute la ville ! Quelques mois plus tard, le PS continuant à faire croire aux Villejuifois qu’il lançait une liste autonome, nous publions ce compte-rendu.

Un des militants du PS les plus respectés (y compris de nous), qui avait fait mine de présenter sa candidature comme « premier des socialistes » sur une orientation autonome par rapport au PCF, l’a retirée sous la pression des directions départementale et régionale qui lui ont expliqué que le PS ne pouvait contester Villejuif au PCF. Dans le vote organisé, c’est Christophe Girard (partisan de l’alliance avec le PCF) qui l’emporte à 77%, les deux autres prétendants, Mickael Bellance et Philippe Vidal ne remportant que 6 voix chacun.

Depuis, le PS prétend toujours devant les Villejuifois qu’il lance une liste autonome. Par ailleurs il relaie et peut-être inspire la campagne crapuleuse contre nous, selon laquelle nous serions pour… interdire la viande à la cantine. Ce qui rend quasi impossible une alliance ultérieure, même si des évènements nationaux amenaient le PS à faire finalement cavalier seul au premier tour.

c) Les droites.

Les inimitiés profondes entre Jean-François Harel et le reste de la droite ont entraîné une course à l’investiture : Franck Le Bohellec a préempté l’investiture UMP afin que Harel ne l’ait pas, et celui-ci a donc obtenu celle de l’UDI, mais ils se présentent comme listes d’intérêt local, respectivement Nouvelle dynamique pour Villejuif et Vivre à Villejuif. En fait ils n’ont pas de lien organique avec ces partis nationaux (ce ne sont pas eux qui se présentent aux élections supra-villejuifoises au nom de l’UMP ou de l’UDI, et JF Harel s’est présenté en autonome en 2012, avec un score dérisoire.). Les uns et les autres souhaitent le rassemblement de toute l’opposition à la mairie PCF, sans avoir de projet bien arrêté au départ.

Ces deux listes sont toutefois nettement différenciées. Sociologiquement, les militants de Le Bohellec reflètent beaucoup mieux la diversité de la population villejuifoise. JF Harel, parti le premier et investissant beaucoup d’argent (avec journal et local) nous traite de haut, nous offrant simplement de rallier sa liste. Les militants de Le Bohellec, Nouvelle dynamique, participent à nos ateliers, avec des propositions étonnamment progressistes (par exemple sur la garde des enfants pour les femmes immigrées à la recherche d’un emploi !). Lors d’une rencontre de travail à l’Atelier de campagne, nous sommes tombés largement d’accord sur le programme (y compris la police de proximité) et ils nous ont clairement déclaré leur hostilité envers « la droite décomplexée » à la Copé. Selon eux, Villejuif ne pouvant basculer qu’au centre gauche, ils se satisferaient très bien de venir sur notre liste au second tour, plutôt que l’inverse. Reconnaissons toutefois que JF Harel, dans le numéro de décembre de son journal, reprend très largement nos propositions. Ce que voyant, nous avons pris rendez-vous avec lui pour janvier.

Il serait erroné de classer ces deux listes comme l’une plus à droite que l’autre. Elles s’opposent comme dans les années 60 le centrisme modéré et le gaullisme populaire bonapartiste, selon René Rémond, et sont toutes deux nettement anti-FN : elles n’ont d’abord que mollement suivi la campagne islamophobe lancée contre nous sur l’option sans viande à la cantine, puis ont retiré leurs critiques.

Lors de l’AG de notre liste fin décembre, la perspective de la fusion de second tour avec ces listes a donc été abordée. Pris entre le désir des uns de gagner à tout prix pour sauver Villejuif du bétonnage, et la répugnance des autres à fusionner avec une liste de droite, nous avons trouvé une position de consensus : seul le programme comptera et non les étiquettes, d’où l’intérêt de ne pas partir avec une étiquette de parti national.

d) Le Modem.

Clairement, nous souhaitions au départ que la liste soit co-animée par le MoDem et nous, reconstituant le capital de départ des 28% de 2008. Mais, si deux membres de la liste MoDem de 2008 sont dès le départ « avec nous » (dont Hervé ayant carrément adhéré à EELV), si les deux élus MoDem, dont son président Jorge Carvalho, ont suivi occasionnellement nos ateliers, le MoDem en tant que tel s’est plutôt assigné la mission de rapprocher toutes les listes d’opposition contre la majorité sortante et contre l’éventuelle liste FN. Mission impossible au premier tour et probablement pas la plus performante pour préparer le second tour.

Ainsi, lors de la réunion de présentation de la candidature de Natalie Gandais à l’initiative de Villejuif Autrement, toute l’opposition sauf Harel était là, applaudissant chaleureusement son discours et apportant à ses propositions des suggestions de détail. Jorge Carvalho a alors proposé un « pacte de l’opposition » demandant à Harel, Le Bohellec, Vidal et Natalie Gandais de s’engager à se rallier derrière celui/celle d’entre eux arrivé(e) en tête. Ce que Harel et Vidal ont décliné. Mais l’Avenir à Villejuif a poursuivi, comme nous l’avons dit, les discussions avec le Bohellec et le MoDem.

Il nous semble toujours que le rassemblement du MoDem et de EELV avec les associatifs dans L’Avenir à Villejuif constituerait la meilleure solution de premier tour (en l’absence de PS…), la question des « autres » devant être discutée au soir du premier tour, et d’autant plus facilement que notre liste aura de l’avance sur eux. Toutefois, il est bon de continuer à y réfléchir et, puisque la pierre de touche sera le programme, de maintenir le contact pour parvenir à des engagements devant les Villejuifois essentiellement inspirés par le travail au sein des Ateliers de L’Avenir à Villejuif.

e) Les « représentants des quartiers ».

Pour des raisons d’éthique politique, il nous paraît essentiel que des personnes issues de l’immigration et des quartiers d’habitat social occupent une place élevée sur la liste (dans les 2 premiers hommes ou femmes et sur toute la liste). Les nouvelles charges familiales de Souela (dont nous nous réjouissons avec elle, bien sûr ! ) ne lui permettant pas de poursuivre son engagement des législatives, nous sommes partis à l’écoute des différentes personnes susceptibles de représenter ce profil, si possible de manière organisée.

Et nous en avons en effet trouvé, chacune assurant représenter des centaines voir des milliers de voix potentielles des « quartiers ». Il y a un désir réel chez les jeunes et moins jeunes des « quartiers » d’entrer en politique, désir qu’incarne au niveau national AC le Feu !, largement représenté sur les listes régionales de EELV suite à une démarche de Natalie à Clichy-sous-Bois. Mais nous avons pu mesurer à quel point cette force positive est dispersée dans Villejuif. La tentative d’une telle liste en 2008 avait recueilli moins de 4%.

Le regroupement le plus sérieux semble être l’Association Citoyens à Villejuif (ACV), dont plusieurs membres animaient l’ARU, association orientée « éducation populaire » qui avait présenté un Pacte de la Jeunesse aux candidats de 2008 (nous l’avions évidemment soutenu).

Nous avons rencontré à plusieurs reprises certains membres de ce regroupement, d’autres sont passés directement à l’Atelier de campagne, et nous avons cherché à les convaincre de venir directement sur notre liste. Eux préfèrent exister d’abord, fusionner ensuite. C’est parfaitement légitime et même souhaitable, et on peut regretter même qu’ils n’aient pas encore d’existence publique. Nous leur avons suggéré d’affirmer leur autonomie jusque fin janvier, de fusionner ensuite. Car il ne faut pas accroître la division des listes ayant l’intention de fusionner, sinon… elles seront toutes en mauvaise position au soir du premier tour !

e) Le cas Philippe Vidal.

Après son double échec dans Les Ateliers et dans le PS, Philippe Vidal a néanmoins lancé sa liste, Villejuif Notre Ville, n’entraînant que 1 militant du PS. Il a néanmoins recruté quelques MoDem et Villejuif Autrement, parvenant à faire croire à chacun que tous les autres étaient déjà rassemblés autour de lui, selon la vieille tactique commerciale « Ne soyez pas le dernier à vous offrir ce que votre voisin vient d’acheter ». P. Vidal, cadre commercial chez Orange, avait en effet, lors de l’AG de des Ateliers de l’Avenir à Villejuif, critiqué Natalie pour son absence de « personal branding » : nous n’allions pas tarder à apprendre ce que cela voulait dire. L’affaire en soi n’aurait pas grand intérêt, mais si il poursuit son intention de monter une liste, elle peut faire perdre, à l’alternative que nous représentons, les quelques % qui feront repasser Mme Cordillot… ou la faire perdre au profit de la droite.

Étrangement absent de toutes les luttes urbaines et enquêtes publiques qui agitent actuellement Villejuif, sauf contre un projet immobilier devant son portail, il s’est lancé dans une campagne particulièrement agressive contre tous les autres, contrastant avec l’atmosphère de courtoisie régnant (encore ?) dans cette campagne. Comme le décrit fort bien son Ordre du Jour du 20 décembre : « Passage de la "Guerilla" à la "Guerre" : Nous allons désormais passer du "snipper" qui tire sur tout ce qui bouge à la "machine de guerre" qui s’organise et construit méthodiquement un plan de bataille pour gagner. »

Dans la série « Snipper », voici notre paquet :l’article de son site contre l’option végétarienne à la cantine, construit autour d’un photo-montage. Le titre est significatif :

Impossible de lire cet article et cette image autrement que : « Avec Natalie Gandais, Villejuif sera envahie de musulmans : donc faisons front avec Mme Cordillot ». Et bien entendu P. Vidal répercutera, comme le PS, l’article diffamatoire de Marianne.

Tout aussi graves, ses positions sur l’urbanisme. Lors d’une réunion de toute l’opposition municipale, pour réagir au projet de la mairie de mettre TOUT l’hôpital Paul Guiraud sous « veille foncière » (annonce de son probable déménagement), P . Vidal, à la stupéfaction générale, déclara « J’ai fait un stage en hôpital psychiatrique, je peux vous dire que les fous, c’est pas intéressant. Mieux vaut les envoyer ailleurs et faire venir des bureaux sur ce site ». Quant à nous, outre le fait que les « fous » doivent être soignés, nous avons toujours soutenu que, contrairement aux discours de la mairie PCF depuis un quart de siècle, nos 3 hôpitaux sont une chance pour la ville , avec de milliers d’employés qui ont parfois mis des années pour trouver à se loger à proximité. Quant aux bureaux libres, il y en a plein les Feuillantines, bien plus près du métro.

Ou encore ses réponses aux adhérent(e)s de l’association des riverains de la Zac Aragon, lors d’une de sa réunion publique du 12 décembre : il ne s’oppose au projet que parce que les bureaux ne sont pas pré-vendus ou loués. Pour lui c’est une opération risquée car beaucoup de bureaux vides existent déjà (ce qui ne l’empêche pas de souhaiter le remplacement d’un des hôpitaux par des bureaux…). Mais exproprier quelques pavillons pour rendre visible une opération essentiellement privative ne lui pose pas de problème moral... Pas un mot contre les tours ni sur le manque d’équipements publics.

Bref tout désigne P. Vidal comme une dissidence « faible » du PS local (c’est à dire sans grand désaccord de fond avec celui-ci, notamment sur les questions d’urbanisme), s’apprêtant comme lui à rallier le PCF dans un « front républicain » avec "Mme NOTRE maire", et sa « guerre » contre L’Avenir à Villejuif agite les mêmes phobies de la religion musulmane.

Mais bon, ses « Trente propositions » témoignent quand même qu’il a bien suivi, pendant un an, les Ateliers de l’Avenir à Villejuif. Nous avons toujours considéré que militer, c’est chercher à convaincre…

Du coté de ceux qui le suivent, en particulier venus de Villejuif Autrement, leur motivation renvoie toujours au débat sur la laïcité, avec de leur part un refus de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme en son article 18, et donc du droit, pour la partie musulmane de la population villejuifoise, de « pratiquer les rites, en public et en privé », rites notamment alimentaires et vestimentaires. Avec ces vieux amis, nous discutons et discuterons encore. Mais déjà un malaise grandit chez les citoyens des « quartiers » devant les attaques incessantes de membres de cette liste contre leurs parents, voisins ou compagnes portant foulard ou faisant le ramadan, cela avant même que le FN ait commencé sa campagne. Nous ferons tout pour empêcher une remise en cause, pour des motifs électoralistes, de la paix religieuse fondée sur la neutralité des élus, la liberté et le respect des croyances de chacun.

A quoi rime donc cette dissidence ? Un article récent du site de campagne de P. Vidal, cadre chez Orange, lève peut-être un coin du voile :

Bref, ce candidat, qui feint d’ignorer que la communauté du Val de Bièvre déploie déjà la fibre optique sur Villejuif, il est vrai avec une solide avance pour Numéricâble, promet que, s’il est élu maire, c’est sa boite qui aura la priorité. Dans la série télé danoise Borgen, on est contraint à la démission pour bien moins que ça…

Laissons décanter.

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