Categories

Accueil > ACTUALITÉ > Une liste - fantôme du Parti socialiste à Villejuif ?

Imprimez !
25 novembre 2013
Alain Lipietz

Une liste - fantôme du Parti socialiste à Villejuif ?

Depuis une dizaine de jours, le PS inonde Villejuif de l’annonce d’une liste de son parti pour les municipales de 2014 à Villejuif. Le tract, en de multiples points, paraît un décalque des propositions de L’Avenir à Villejuif. Cette annonce nous paraît, en l’état actuel des choses, une simple manœuvre avant « fusion » dans la liste du Parti Communiste.

Lors d’une réunion officielle tenue le 26 juin, le PS nous avait déclaré d’emblée sa décision de repartir dans l’équipe actuelle de Mme Cordillot. Le PS excluait notre proposition de porter une autre politique au sein d’une liste citoyenne, l’Avenir à Villejuif. Et défendait la majorité sortante en refusant la mise en cause de points pour nous incontournables : la critique des Zac Aragon et Hautes Bruyères et de la densification à outrance. Nous en avions publié un compte rendu sur ce site. Mais dans les jours suivants, par une suite de mails désagréables, le PS nous intimait de ne pas publier de compte-rendu, malgré notre proposition d’y intégrer tout correctif qu’il demanderait sur ses propres positions.

Dans un souci de bon voisinage, ne désespérant de rallier un jour le PS à nos propositions, nous avions accédé à ses demande et retiré le compte-rendu. Cependant cette exigence discourtoise, que nous avons interprétée comme une rupture non dénuée d’arrogance, interrompait de fait toute négociation. D’autant que l’habitude semble prise chez les socialises de parler systématiquement de nous en termes insultants : « putassier », « faisandé ».

Quelques jours plus tard, nous recevions un tract du PS, sans doute déjà conçu avant cette réunion, critiquant nos positions en termes peu amènes. Critiques aux quelles nous avons répondu avec autant de bonne humeur que possible. Aujourd’hui, nous comprenons que ce qui gênait le plus la direction du PS villejuifois dans l’idée même d’un compte-rendu, c’est qu’il rendait public son choix, déjà arrêté en juin par sa direction, de repartir en liste commune avec le PCF et sur la même orientation.

L’annonce ces derniers jours d’une liste –fantôme socialiste conduite par Dominique Girard, annonce qui ne correspond pas à la stratégie réelle du PS villejuifois, aurait pu simplement nous faire sourire. En matière de « communication », toutes les mises en scène sont permises… Mais nous avons constaté, en discutant avec de jeunes militants socialistes distribuant leur tract, qu’ils n’avaient même pas été informés, en interne, des contenus de nos discussions de juin. C’est pourquoi nous nous résignons aujourd’hui à publier ce compte-rendu.

Par ailleurs, nos avons alors entendu, à propos de notre opposition au renforcement de la part de logement social à Villejuif (50 % promis dans les logements de la ZAC Aragon), l’accusation que cela signifierait que, pour nous, « les populations nouvelles amèneraient l’insécurité ». Ce qui revient à nous accuser de racisme.

Nous pensons que c’est exactement le contraire. C’est la situation faite aux personnes entassées dans ghettos, sans perspective de mixité sociale, sans les services publics locaux d’accès à l’emploi, sans la présence de médiateurs et d’une police de proximité, qui pousse quelques jeunes et moins jeunes à la délinquance et développe l’insécurité. Sans même parler des conséquences sociales de la politique d’austérité dictée par le PS au gouvernement…

L’équipe municipale sortante ne parvient pas à assurer une vie digne et la tranquillité pour les 36 à 38 % d’habitants actuels des logements sociaux, principales victimes de la délinquance. Et le PS prétend encore augmenter cette part ?

Notre position : améliorons d’abord le sort des 36 % d’habitants les plus défavorisés, ouvrons quelques chambres d’hébergement d’urgence (dans le bâtiment de l’ancienne gendarmerie), assurons la tranquillité publique malgré les problèmes que nous connaissons déjà, avant de créer de nouveaux quartiers « difficiles » dans Villejuif.

Comme on le voit dans le compte rendu, cet argument leur avait été présenté avec clarté lors de la discussion de juin. Nous espérons que la publication de ce compte rendu dissipera les malentendus.

Si donc, pour une raison que nos ignorons, les socialistes villejuifois ont réellement décidé de rompre leur alliance avec le PCF et avec sa politique, la porte leur est toujours ouverte au sein de L’Avenir à Villejuif… mais pour une autre politique !

Rencontre du Parti socialiste et de EELV Villejuif du 26 juin 2013

Nous allons rencontrer, avant la formation des listes municipales, toutes les forces politiques villejuifoises de « l’arc républicain », à l’exclusion donc du Front National. La première rencontre a eu lieu avec le Parti socialiste, le 26 juin.

Bien sûr, nous chercherons en particulier à rencontrer les partis de la majorité présidentielle de 2012 (Parti communiste, Parti de Gauche, PS, et le Modem qui, à Villejuif, a appelé à voter Hollande). Mais notre partenaire privilégié reste le PS, non seulement parce que nous avons avec lui un accord parlementaire depuis 2012, mais parce que, en 2011, nous avions à Villejuif une alliance de premier tour sur les deux cantons de Villejuif.

La rencontre a eu lieu le mercredi 26 juin, franche et sympathique. En voici le compte rendu aussi objectif que possible, avec, en italique, mes observations d’après-coup.

Le Parti socialiste dès l’ouverture présente sa méthode : « On discute d’abord de ce qu’on veut faire, puis on voit avec qui le faire. » Nous nous félicitons de cet accord de fond : c’est exactement la méthode d’EELV, à travers l’initiative des Ateliers pour l’Avenir à Villejuif. Dans ces Ateliers, on discute publiquement de ce qu’il faudrait faire et ensuite on verra bien quels partis soutiendront ce programme. Nous faisons observer que, d’ailleurs, des membres du PS comme du Modem participent à ces Ateliers.

Cependant le PS nous objecte que ce n’est pas le cas du PCF, et que eux, socialistes, ont dores et déjà décidé de reconduire leur accord avec le PCF pour 2014. Et selon eux les résultats à la présidentielle et aux législatives à Villejuif leur donne la primauté.

Quant à la primauté, elle se mesure aussi, selon nous, aux élections européennes, régionales, cantonales. Quant au PCF, nous leur répondons que la mairie à dominante PCF mène depuis des années une politique de transformation de la ville qui nous déplait, comme elle déplait aux associations de la ville, et que les Ateliers visent en effet à définir une autre politique.

Les socialistes nous font alors observer qu’il en irait autrement si nous formions une majorité à trois (PCF, PS, EELV). Nous leur rappelons que c’est exactement ce que nous avions demandé entre les deux tours de l’élection municipale de 2008, et que leur liste (commune avec le PCF) avait refusé la fusion à la proportionnelle entre les deux tours. Ils nous répondent que c’est la tête de liste (en l’occurrence Mme Cordillot) qui seule avait pouvoir d’en décider.

Selon eux, cet argument plaide pour la formation d’une alliance de premier tour dès maintenant, afin d’éviter ce genre d’incident, et c’est dans le cadre de cette liste préalablement circonscrite (Front de Gauche-PS-EELV) que l’on discuterait programme. Selon eux, il n’est pas possible de négocier un programme de compromis entre les deux tours.

(Cette dernière remarque ne correspond pas à l’expérience des écologistes. Quand les deux partenaires le souhaitent et veulent gagner pour améliorer le sort de la population qu’ils entendent servir, ils ont un jour et demi pour définir un accord, et c’est ce qui s’est passé par exemple lors de la conquête de Paris.)

Nous nous étonnons de ce changement de méthode par rapport au début de la discussion, où il semblait y avoir accord pour procéder dans l’ordre inverse. Nous leur demandons à quoi sert pour eux le premier tour. Ils nous répondent : « À définir le contenu du rassemblement de second tour », et nous sommes à nouveau d’accord : c’est aux électeurs d’exprimer leurs préférences au premier tour, selon la règle « Au premier tour on choisit , au second tour on élimine », les alliés du second tour définissant leur programme commun en fonction du vote des électeurs du premier tour.

Le débat s’engage donc sur le contenu. Faute de temps, nous nous limitons à l’urbanisme. Ils maintiennent leur soutien aux deux ZAC principales :

-  La ZAC Campus Grand Parc , y compris l’urbanisation du Nord-Ouest du Parc des Hautes Bruyères et du Terrain des Maraichers, Nous sommes en désaccord difficilement réductible sur ces points (quoique disposés à examiner un compromis sur le Nord-Ouest en échange d’une extension du parc en continuité au sud, le terrain des Maraichers y étant intégré sur le modèle de Planète-Lilas.)

-  La ZAC Aragon et la bordure du Bd Maxime Gorki par des immeubles de grande hauteur (jusqu’à R+12). Nous leur opposons les immeubles récents R+ 4 ou moins qui se construisent sur le coté ouest de Maxime Gorki, une hauteur humaine que ne dépasse d’ailleurs pas l’avenue d’Italie dans Paris (sauf quelques tours des années 70 aujourd’hui décriées). Sur ce dernier point, les socialistes justifient ce choix ainsi : « Nous devons prendre notre part de la densification. Derrière l’Avenue d’Italie, en profondeur, les immeubles restent hauts. Nous n’avons pas cette profondeur sur la ZAC Aragon parce que justement nous voulons respecter le pavillonnaire qui restera derrière. Nous sommes donc obligés de construire un front d’avenue de grande hauteur ». Nous leur répondons que rien n’oblige Villejuif à passer, en front de Maxime Gorki, de pavillonnaire à R+12. R+4 avec un jardin public et une crèche sur le terrain Mollicone, c’est bien suffisant, d’autant que la ligne 7 est saturée aux heures de pointe.

(En réalité, de l’avenue d’Italie à la place des Peupliers s’étend une des rares zones de petites maisons de ville « équivalent pavillonnaire » de Paris. En outre, les classe moyennes genre enseignants qui quittent le 13e arrondissement de la Ville Lumière, à quelques minutes à pied des Gobelins, pour aller à Villejuif, le font à regret et justement parce que le prix du logement y est si cher. Ils espèrent en compensation être un peu moins entassés…)

Cette discussion est l’occasion de l’unique incident de cette discussion. Selon les socialistes, le fait d’avoir employé (dans un texte non précisé) l’expression « le pavillonnaire est sacrifié » justifierait que le premier des adjoints socialistes ait employé en plein conseil municipal l’expression « site putassier » à propos de notre site (celui–ci…). Nous réaffirmons que ce langage est indigne d’alliés, et que sur le fond oui, les habitants du quartier Robespierre s’estiment unanimement sacrifiés, que l’annonce d’un nouveau « périmètre d’étude » sur le quartier de Monsivry (derrière les Esselières) traduit un préjugé contre les quartiers pavillonnaires, qui oublie les fonctions urbaines de respiration de ces quartiers, d’ailleurs hérités d’un mouvement d’auto-construction populaire encouragé par la loi Loucheur, typique de la vieille « banlieue rouge ».

La discussion vient inévitablement sur le sort de l’ex-gendarmerie. Nous leur rappelons que notre souhait de faire des logements vides en bon état des lieux d’accueil pour les familles sans abri (et qu’illustre l’ouverture, que nous avons obtenue, du CGPA à un centre de l’association Emmaüs) est antérieur à l’idée de construire une mosquée à la place de la gendarmerie. Pour nous, il est absurde de détruire ce bâtiment de 12 appartements qui peut très bien répondre à cette fonction. Les socialistes nous répondent qu’à leurs yeux il y a déjà trop de logements d’urgence à Villejuif.

(Cet argument, déjà employé lors du vote du « protocole » sur la gendarmerie, nous semble sans pertinence. Le protocole prévoit justement que ces 12 appartements seront intégralement compensés par 12 à 15 logements d’urgence dans de nouveaux appartements « livrables d’ici fin 2013 ». Donc le total reste le même… sauf que 12 appartements sont détruits en échange de 12 autres à construire. En réalité, nous restons sur l’impression que le PS ne souhaite pas de logements d’urgence à Villejuif.)

De cette discussion sur la part (minuscule) du logement d’urgence, la discussion glisse naturellement à la question de la mixité sociale à Villejuif. Pour nous, les 38% actuels ( ?) de logement sociaux à Villejuif y compromettent déjà la mixité sociale : les classes moyennes fuient Villejuif ou cherchent à en éviter la scolarité pour leurs enfants (en recherchant des « classes de musique » etc, prétexte à les scolariser ailleurs), les enfants de familles défavorisées se retrouvent donc progressivement dans un ghetto, alors que la localisation de Villejuif devrait au contraire favoriser la mixité sociale. Nous sommes donc opposés à l’objectif de passer à 40 % de logement social : la solution est au contraire de mieux répartir le logement social sur les différentes communes, d’améliorer le sort des cités HLM existantes à Villejuif, et de faire venir des classes moyennes.

Les socialistes nous répondent que justement ils ont obtenu que les nouveaux logement sociaux soient des « logement sociaux pour classes moyennes » (d’ailleurs non reconnus comme sociaux par la Région), et pas des HLM « bas de gamme » (techniquement : des PLS, et pas des PLA-I) : typiquement pour les enseignants chassés du 13e. Nous en prenons note, cette information nous ayant échappé.

Avant de nous séparer, nous risquons une question pour clarifier la première partie de la discussion. « Et si nous acceptions d’entrer dans une liste PCF-PS-EELV dès le premier tour, pourriez vous soutenir avec nous la remise en cause de l’urbanisation des Hautes bruyères, du Terrain des Maraîchers, du Terrain Mollicone et des immeubles de grande hauteur sur le Bd Maxime Gorki ? » Selon eux, tout pourrait alors devenir négociable, nous ont-ils répondu, sans préciser toutefois quelle serait leur position dans la négociation (ce qui repose la question de la « méthode ».)

Nous nous quittons sur cette note positive en nous proposant de nous revoir à la rentrée.

Commentaires

Répondre à cet article

Vous retrouverez cette page sur internet :
http://www.vaverts.fr/spip.php?article252