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17 décembre 2012
Alain Lipietz

La réunion du 11 décembre sur l’avenir du Parc des Hautes Bruyères.

Cette réunion était « invitée » par la Direction des Espaces verts du Conseil Général du 94, pour discuter avec « la population de Villejuif » de « l’incidence du projet Cancer Campus sur le parc » et du « canal de la Bièvre »

La réunion du 11 décembre sur l’avenir du Parc des Hautes Bruyères.

Pour celles et ceux qui ne comprendraient pas tout , en en particulier les sigles, j’ai mis un glossaire en bas du mail. Conservez-le précieusement ;-)

Cette réunion était « invitée » par la Direction des Espaces verts du Conseil Général du 94, pour discuter avec « la population de Villejuif » de « l’incidence du projet Cancer Campus sur le parc » et du « canal de la Bièvre » (bassin conçu par A. Chemetov et fort dégradé, entre le parc des Hautes Bruyères et le grand ensemble de même nom). C’est du moins ce qui était annoncé : sur le site de la ville de Villejuif, par voie de tract, et dans Le Parisien.

Nous savions par des sources internes que cette initiative avait provoqué de fortes pressions de la part d’autres secteurs du CG.

La réunion a eu lieu dans l’école des Hautes Bruyères. Une quarantaine de personnes. À la tribune M. Blavat (conseiller général PS en charge des espaces verts), Laurent Garnier (C.G., président de Cancer Campus et de la SADEV), Sophie Taillé-Polian (maire adjointe PS en charge du développement durable à Villejuif, Daniel Lepeletier (MRC, délégué à l’assainissement). Il y avait aussi Patrick Staat (et je crois avoir vu Monique Stanciu). Donc, à part L. Garnier, un PCF très discret…

La tribune a tenté par tous les moyens d’empêcher le personnel du parc et le public de parler de l’effet de Cancer Campus sur le parc... Ils ont prétendu que c’était une erreur du Parisien alors que la réunion avait été convoquée pour ça, sur le site de la mairie ! Pendant une heure, on n’a eu le droit de parler que du "canal de la Bièvre" et des portillons pour empêcher les voyous de faire de la moto dans le parc. Ce n’est qu’à la fin que la pression du public (emmené par Philippe Robichon, déchainé) a permis d’aborder le thème "Cancer Campus et le Parc des HB".

Il y avait (et il est resté) une forte inquiétude et un grand mécontentement dans le public, du fait que la tribune ne voulait rien dire, évoquait une réunion du 14 janvier (dont m’avait parlé Daniel Beuiller) où de nouvelles décisions seraient prises, suite à une nouvelle consultation des architectes, après le scandale provoqué par nous sur la « fiche action n°1 » du 16 octobre, sa route et son urbanisation du nord-ouest du parc, dont Sophie TP et Laurent Garnier ont nié jusqu’à l’existence. Selon eux, actuellement on ne savait rien, etc., comme si c’était une décision attendue de Bruxelles, et que ce n’était même pas la peine de se mobiliser !

Détail amusant : ils disaient tous "Tout dépend de la Société du Grand Paris", comme si la ZAC Campus Grand Parc n’existait pas ! Quand j’ai lancé à L. Garnier "Mais enfin, tu es président de Cancer Campus, tu peux nous renseigner ! ", il a répondu ’"Ah non ! moi c’est Cancer Campus Association, pour la ZAC c’est Daniel Breuiller !"

Attention : ce qui se prépare pour les municipales, c’est un discours du PCF "Tous les mauvais coups pour la ville de Villejuif et le parc sont imposés par la ZAC, donc la communauté d’agglo, donc Breuiller, donc EELV"

Mais pour le moment, donc, le discours de la tribune ne parle que du métro et de la SGP, à l’extrême rigueur de l’IGR, et quand on émet une réserve, soit on est contre le métro, soit on est contre la lutte contre le cancer qui "aujourd’hui devient personnalisée, il faut donc faire coopérer un tas de spécialités, il faut donc les regrouper tous au même endroit, et si vous êtes contre quoi que ce soit c’est que vous ne voulez pas sauver les malades du cancer". (Doivent pas avoir eu de cancéreux dans leur famille !) Ils prennent leur distance par rapport au projet de gare tel qu’il est représenté sur le site internet de la Ligne Rouge (le gros cylindre rouge), mais en laissant entendre que "ça ne dépendra en définitive que de la SGP."

De même on a appris que "le Jardin médicinal serait sacrifié mais qu’on le reconstituerait plus tard". C’est quoi encore cette histoire ?

Quant au discours de la Direction des espaces verts et de M. Blavat, il est contradictoire. Que ce soit sur la préservation du canal, ou l’interdiction des motos, tous insistent que la lutte contre les dégradations passe par la présence, l’animation et la qualité du parc, qui engendrent le respect. Ils se plaignent que les barrières anti-motos leur coûtent très cher. Mais d’un autre coté, ils négligent l’investissement humain dans l’animation / surveillance, qui au total sera moins cher.

Natalie Gandais, bien informée, intervient en effet sur la menace de suppression du Service d’animation des parcs du département (11 personnes). M. Blavat se lance aussitôt sur la nécessité de faire des économies… pour financer le RSA ! Le personnel des parcs est solidaire des 11 : ils avaient eu une AG ensemble l’après-midi, ils n’étaient pas là pour soulever eux-mêmes la question mais , quand Natalie l’a posée, ils ont été ravis et surpris que des Villejuifoises soient au courant. Et du coup ils ont embrayé.

En fait, au delà du problème des motos, selon ce que confie une « ancienne » à Natalie après la réunion, ce parc, exposé aux jeunes voyous issus de populations concentrées là par la mairie, dans les bâtiments adjacents, est devenu infréquentable le soir (tapage, agressions y compris sexuelles etc). Du coup les personnels de santé des hôpitaux villejuifois qui avaient pris des logements en accession au bord du parc quittent les lieux les uns après les autres. (Encore dix cette année dans son bâtiment, selon cette dame.)

Attention : la dangerosité de ce parc peut être un obstacle à la mise en valeur immobilière de Campus Grand Parc.

Un bon point de cette histoire de motos : L. Garnier a embrayé sur mon argument "Si vous ouvrez une route dans le parc, même réservée aux véhicules "dédiés" , vous ne pourrez plus empêcher motos et quads d’envahir le parc. Ou alors il faudra des grilles le long de la route . " Garnier : "Donc, vous voyez bien que le CG 94 n’acceptera jamais cette route, même pour les véhicules dédiés, et s’y opposera si Cancer Campus veut nous l’imposer. »

Mais L. Garnier reste beaucoup plus évasif sur l’urbanisation du nord-ouest du parc. Il prétend ne pas l’avoir vue dans la "fiche action n° 1". Mais dans une conversation au sortir de la réunion, il reconnait que plus personne ne comprend la hiérarchie des normes entre les documents ; il peste contre les "pastilles rouges collées n’importe comment" dans le SDRIF (voir le glossaire !), ne sait pas quelle est la valeur du CDT de la VSB, par rapport à la CAVB et par rapport aux villes et à leurs PLU, ne sait pas qui prendra en définitive la décision d’urbaniser ou pas le nord-ouest du Parc, etc. Il tient pour acquis que C. Duflot donnera gratuitement la Redoute des Hautes Bruyères à la ZAC pour construire des HLM mais que, devant l’impossibilité de construire des logements dans un endroit pareil, l’État acceptera que les HLM soient construits ailleurs... dans le nord-ouest du parc ? Il parle d’une "bande de 20 mètres" à l’intérieur du parc, il faudra que je mesure ce que ça représente.

A noter qu’il a publiquement fixé pour horizon un maintien de la surface du parc. J’ai l’impression que tout ça finira un jour par un échange entre un morceau du nord-ouest du parc (celui qui n’est pas encore aménagé ?) contre le « terrain des maraichers » au sud du parc (géographiquement non-urbanisable, faute de transport en commun et à cause des pollutions de l’autoroute). La perspective de l’intégrer au parc comme une ferme modèle de maraichage se précise ;-)

A mon avis il y a, derrière cette incroyable opacité, un conflit entre une technocratie basée à l’Agglomération Val de Bièvre et qui a la main sur la ZAC Campus Grand Parc (et sans doute lié à la SADEV, c’est à dire que cette technocratie devenue autonome est aussi liée économiquement à la valorisation foncière-immobilière et au PCF), et les instances élues dont personne ne connait exactement le pouvoir de résistance. Je pense que les instances d’élus indirects (VSB et CAVB) ne pourront rien dire, car rien dans le droit civil et peu de chose dans la jurisprudence du droit public ne les confortent. Seuls en définitive le CG 94 (propriétaire du parc) et la ville de Villejuif (auteur du Plan Local d’Urbanisme) pourraient s’opposer à la technocratie. Mais ces deux collectivités ont vitalement besoin d’argent... et leurs "hommes" (les conseillers généraux de Villejuif : Delbos et Garnier) sont présidents du SAF et de la Sadev ! Conflit d’intérêt ahurissant, quand on y pense...

Alain Lipietz

Glossaire

Cancer Campus : il faut distinguer l’Association (partenariat initié par le CG 94 et l’IGR) et la ZAC du même nom initial , devenue « ZAC Campus Grand Parc »

CAVB : Communauté d’Agglomération du Val de bièvre. 7 communes , dont Villejuif.`

CDT : Contrat de développement territorial. C’est une obligation de la loi Grand Paris, qui permet aux collectivités de garder la main sur l’aménagement des 400 m autour des gares du métro Grand Paris Express. Le CDT couvrant les futures gares de Villejuif (IGR et Louis-Aragon) est signé entre l’État et la VSB, et pas avec Villejuif ni même la CAVB.

CG 94 : Conseil général du Val de Marne.

HLM : habitations à loyer modéré. Tous les organismes ne sont pas municipaux ni même publics (OPHLM)

PLU : Plan local d’urbanisme. Conçu par les villes, s’impose aux gens et aux entreprises. Mais il n’est pas clair s’il s’impose au CDT, ou l’inverse. Même ambiguïté pour les ZAC, avec cette différence que pour les ZAC Il existe une jurisprudence de 40 ans et +, alors que le CDT c’est nouveau.

SGP : Société du Grand Paris, société d’économie mixte promotrice du Métro express Grand Paris, créée par Sarkozy

SADEV 94 : Société d’Aménagement et de Développement du 94. Né de l’éclatement de la Sidéco, contre laquelle Les Verts et Villejuif-Autrement ont guerroyé pendant toutes les années 90. La Sidéco, société d’économie mixte, étroitement liée au PCF, était à la fois propriétaire des réserves foncières pour les communes et bureau d’étude aménageur. Le Préfet a imposé la séparation de ces deux fonctions : il y a le SAF (propriétaire foncier public), présidé par Delbos, et la SADEV, aménageur, présidé par Garnier… les deux conseillers généraux communistes de Villejuif.

SDRIF : Schéma Directeur de l’Ile France. Adopté , en attente d’enquête publique. Théoriquement s’impose aux CDT , aux ZAC et aux PLU.

VSB : Vallée scientifique de la Bièvre, associantions de plusieurs agglomérations (dont la CAVB) et communes isolées (18 communes au total)

ZAC : Zone d’aménagement concerté. « Concerté », ça veut dire entre un aménageur à statut privé et une collectivité territoriale. Permet à l’aménageur de s’affranchir du PLU dans une certaine mesure (que je ne connais pas bien). En principe, permet aux collectivités de faire prendre en charge par les promoteurs les édifices publics de la zone (écoles, postes…). Dans la ZAC Campus-Grand Parc, la collectivité est la CAVB, et Daniel Breuiller, maire EELV d’Arcueil, est en charge du dossier à l’Agglo.

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