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24 octobre 2012
Alain Lipietz, Natalie Gandais

Une marguerite verte pour Les Hautes Bruyères !

Nous vous avons informés des menaces que fait peser le SDRIF (Schéma Directeur de la Région) sur le Parc des Hautes Bruyères, les jardins familiaux et les terres maraîchères qui le prolongent au sud, amorce d’une « coulée verte » qui doit rejoindre le parc des Lilas. Ces menaces se précisent de jour en jour, mais nous venons de marquer un point important, grâce aux élus EELV du Conseil régional !

Le projet de SDRIF 2030 ne signalait même plus qu’il y a un parc aux Hautes Bruyères. Il était couvert de « pastilles rouges » (= « Fort potentiel d’urbanisation »). Aujourd’hui, 24 octobre vers 18 h 30, les Conseillers régionaux EELV ont fait voter la reconnaissance de l’existence d’un « espace vert de niveau régional à créer », en remplaçant au moins une pastille rouge par une « marguerite verte » .

Vous vous demandez sans doute comment le Parc des Hautes Bruyères, parc département du 94, dirigé par le Front de Gauche et les socialistes (les élus Europe Ecologie- Les Verts ayant été exclus de l’exécutif), peut être menacé par le Schéma directeur d’une Région dont la majorité réunit les mêmes socialistes et communistes, plus Europe-Écologie ?

La réponse est simple : la majorité communiste et socialiste de Villejuif souhaite le bétonnage de Villejuif, et avait su convaincre des correspondants au Conseil régional. Bien sûr, il ne s’agit pas de « rayer de la carte » le Parc, on va le grignoter de tous les côtés.

Quand ce parc a été créé, on ne savait pas jusqu’où il s’étendrait. Il avait « du vert » tout autour des premières parcelles aménagées : la Redoute (fort appartenant à l’armée) jouxtant un terrain de golf abandonné, et au sud , de l’autre coté de l’avenue de la République , une exploitation horticole de 5 hectares, les jardins familiaux de l’Epi d’Or, d’autres espaces verts aux statuts divers. Sur tous les plans d’urbanisme, on saluait cette amorce d’une « coulée verte » qui rejoindrait le Parc des Lilas à Vitry, en se glissant entre Villejuif et l’Hay les Roses, par le sud de Lamartine. C’était même écrit dans le SDRIF de 2008, celui qui est en révision : « Continuité agricole ou liaison verte à créer ou à renforcer »

Patatras : deux nouveautés ont fait de ce coin de l’Ile de France une cible pour les promoteurs.

D’abord, le projet Cancer Campus, regroupement de centres de recherches et d’entreprises innovantes autour de l’Institut Gustave Roussy (l’IGR). Ce projet prend la forme d’une Zone d’aménagement concerté (ZAC) pilotée par la Communauté d’agglomération du Val de Bièvre dont fait partie Villejuif.

Ensuite, le projet de construction de deux lignes de métro dans le cadre de la Loi « Grand Paris » : la Ligne rouge dont on vous a parlé hier, et la Ligne Bleu (prolongeant la M14), se croisant à l’IGR.

Dès la publication de la première carte de la ZAC « Cancer Campus », il y a un an, nous avons vu que ce projet énorme empiétait de façon exagérée sur les zones pavillonnaires environnantes et « bouffait » le tiers des jardins de l’Epi d’Or. Heureusement, le responsable de la ZAC Cancer Campus est le maire d’Arcueil, membre de Europe-Écologie-Les Verts : Daniel Breuiller. Nous lui avons fait rencontrer les habitants expropriés, et les jardiniers de l’Épi d’Or. Il a reconnu que les urbanistes avaient eu la main lourde, il a pu sauver quelques dizaines de pavillons. Et il a fait sauvegarder les jardins de l’Épi d’or… simplement en faisant redessiner le plan de la fac de pharmacie prévue à cet endroit ! Nous avons raconté ce succès ici (cliquez) et là (cliquez).

Comme quoi, la concertation avec les habitants, ça marche, même pour un projet d’importance nationale comme Cancer Campus, incontestablement d’utilité publique. Nous nous pensions un peu tranquilles (tout en sachant que Daniel Breuiller ne serait pas toujours là).

Le projet de SDRIF avec ses « pastilles rouges » a fait l’effet d’une douche froide. Toute cette zone verte était maintenant engloutie sous les « pastilles rouges : zone à fort potentiel d’urbanisation » (cliquez pour agrandir) :

La réunion publique du 18 octobre aux Esselières, « Présentation de la Ligne rouge-sud » (voir le compte-rendu ici), a levé un coin du voile. On nous a montré le plan de la future gare de métro « Institut Gustave Roussy », au croisement des lignes Rouge et Bleue. Un cylindre rouge, énorme, installé… dans le Parc, près de l’entrée nord !

Devant les protestations de Natalie Gandais, la maire (communiste) de Gentilly a expliqué « C’est un concept novateur et magnifique : une gare dans un parc ! » Plus tard, nous expliquera-t-on que « C’est un concept magnifique : un parking auto dans un Parc », puis « Une idée magnifique : un grand ensemble dans le Parc », etc… ? On nous a même accusé de compromettre « des milliers de vie à sauver, grâce à Cancer Campus », alors que nous proposions simplement de déplacer la sortie de la station de quelques mètres, par exemple en la rapprochant des bâtiments d’habitation ou sur le parking à voitures ! On nous a juré que le parc des Hautes Bruyères sera « non seulement préservé, mais élargi » !

Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Des stations de métro avec correspondance, et des plus importantes que la station IGR, y compris avec des correspondances RER, y compris à proximité d’un parc, il y en a plein Paris (Place d’Italie, Nation, Bercy, etc). Elles sont discrètes, avec simplement des bouches d’escaliers et d’ascenseurs. Cette énorme « gare IGR », n’est-elle pas d’abord un projet de centre commercial ?

Regardez le nord du Parc des Hautes Bruyères, tel qu’il apparaît en photo aérienne sur GoogleMap ou sur Mappy ou Geoportail (Pour voir ces photos et cartes en plus grand, cliquez ici) :

Vous reconnaissez ? À gauche l’autoroute, à droite la rue de Verdun, en haut l’IGR et son parking, au milieu le « grand trou », en bas à gauche le Fort de la Redoute.

Et maintenant regardez la « Fiche Action n°1 » du projet de ZAC Cancer Campus (Cliquez ici pour avoir la carte toute entière).

Vous voyez que tout le morceau du Parc actuel qui se trouve entre l’entrée nord du Parc et le coin nord-est de la Redoute, y compris un morceau de l’actuel « grand trou », est couvert de hachures bleues et oranges, c’est-à-dire logements et bureaux ! C’est là qu’est prévue la station IGR (cercle rouge), mais en fait tout un grand rectangle de l’actuel Parc sera perdu. Plus, bien entendu l’ancien golfe et la Redoute, qui ne font certes pas partie du parc (mais enfin, on l’espérait…)

Intéressons maintenant au Sud du Parc qui se prolonge par les terres maraichères et par les jardins familiaux de l’Epi d’Or (Cliquez ici pour l’avoir en grand).

Il y avait sur le Schéma directeur de 2008 une flèche verte qui reliait cette zone au Parc des Lilas à Vitry. La légende expliquait : « Continuité agricole ou liaison verte à créer ou à renforcer ». Cette flèche a disparu dans le « Projet SDRIF 2030 », ainsi que dans le « Schéma régional de cohérence écologique ». Pourquoi ? Voyons le projet Cancer Campus.

Les jardins familiaux, on l’a dit, sont pour le moment sauvés, et ça se voit sur la Fiche. Mais les terres agricoles bordant l’Avenue de la République sont sacrifiées. Elles formeront désormais une « barrière orange », c’est à dire des logements, plus la fac de pharmacie (le « 8 » en rouge. Le bleu en bas, c’est l’actuelle zone industrielle de l’Epi d’Or). Au profit de la « rentabilité » de la Ligne Bleue ?

Soyons clairs. Nous sommes pour le projet Cancer Campus, nous ne nions pas que rapprocher les lieux de travail des chercheurs puisse être utile. Nous nos battons depuis 1992 (l’entrée des Verts au conseil régional) pour la Ligne Rouge (ex-Orbival) et pour le prolongement du métro M14 vers le sud (la future Ligne Bleue), avec une station aux Trois communes. Nous sommes pour amener des emplois à Villejuif (mais peu de nouveaux logements, car il faut d’abord rétablir l’équilibre emplois-logements à Villejuif).

Mais cela ne justifie pas de sacrifier les rares espaces verts de notre banlieue sud , nécessaires aux habitants des cités, qui n’ont pas la chance d’avoir des jardins privés.

Sacrifier la coulée verte et les terres agricoles de proximité est une erreur monumentale. Notre ville déjà couverte de grands ensembles a besoin de respirer, nous avons besoin de ces terres pour livrer des légumes bio de proximité à nos cantines scolaires.

Alors on va se battre. Le vote des élus EELV rétablissant le Parc comme « espace vert de niveau régional à créer », dans le cadre d’un accord majoritaire, montre que toute la gauche, à la Région, ne partage pas le délire productiviste. Certes, obtenir la reconnaissance de l’existence d’un parc existant depuis des années n’est pas une grande victoire, et, on vient de le voir, la menace pèse sur les bords nord et sud du parc. Mais ce n’est qu’un début, continuons le combat !

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