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23 octobre 2012
Alain Lipietz, Natalie Gandais

Le SDRIF : menaces sur Villejuif

Le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF) est actuellement en débat au conseil régional. Il fixe les orientations de développement urbain de notre région jusqu’à 2030. Il remplace celui de 2008, qui devait être révisé à la suite de l’adoption de la loi « Grand Paris » de Sarkozy.

En l’état, il est considéré comme globalement satisfaisant par les écologistes, en ce qu’il réduit l’impact de la croissance de l’Ile de France sur les zones rurales environnantes. Mais, en ce qui concerne Villejuif, il est extrêmement inquiétant.

Le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF) est actuellement en débat au conseil régional. Il fixe les orientations de développement urbain de notre région jusqu’à 2030. Il remplace celui de 2008, qui devait être révisé à la suite de l’adoption de la loi « Grand Paris » de Sarkozy.

En l’état, il est considéré comme globalement satisfaisant par les écologistes, en ce qu’il réduit l’impact de la croissance de l’Ile de France sur les zones rurales environnantes. Mais, en ce qui concerne Villejuif, il est extrêmement inquiétant.

Le projet de SDRIF 2030 distingue trois types de zones. Les zones vertes (bois, parcs, jardins familiaux, espaces agricoles) à protéger sont marquées par des dégradés de verts, les espaces verts « à créer » sont signalés par des marguerites vertes. Sur les terres déjà urbanisées, on distingue les « petites pastilles orange » pour prévoir une augmentation de +15 % de la population et les « grosses pastilles rouges » pour signifier un « fort potentiel d’urbanisation » (soit plus de 15 %). On voit sur la carte ci-dessous, au sud de Paris, un pâté rouge : c’est le sud de Villejuif. Tout le nord de la ville (déjà saturé de ZAC en voie d’achèvement) est en orange.

Voici l’agrandissement sur Villejuif (cliquez ici pour agrandir encore !) :

Le schéma de 2008 comprenait déjà cinq pastilles rouges autour de Villejuif Louis Aragon et Paul Éluard (C2, C3, D3, D4) ainsi que sur Lamartine (C5). Sur le nouveau projet, huit nouvelles pastilles sont apparues. Deux couvrent tout le Lion d’or (D1, D2). Surtout 6 nouvelles pastilles à l’Ouest de l’hôpital Paul Brousse : A2, B2 des deux cotés de l’avenue Salvador Allende (c’est le projet Cancer Campus), mais aussi tout le Parc des Hautes Bruyères (A3), les jardins familiaux du parc et les terres maraîchères (A4), les jardins familiaux de l’Epi d’Or et le petit bois qui les prolonge sur L’Haÿ (A5), bref toute la « coulée verte » qui nous sépare de l’autoroute. Et tout le carré comprenant le cimetière et l’hôpital psychiatrique Paul Guiraud (B3).

Comment sont-elles arrivées là ? Le Conseil municipal n’a pourtant pas délibéré sur une contribution de la ville à l’élaboration du SDRIF… En tout cas, c’est avec Seine-Amont la plus forte poussée de béton du sud de l’Ile de France. Comme l’a déclaré Philippe Lebris, premier maire adjoint (communiste) en charge de l’urbanisme, à des Villejuifois inquiets : « Il vous faut comprendre que Villejuif, demain, c’est Paris ».

Nous reviendrons bientôt sur la coulée verte des Hautes Bruyères. Un mot aujourd’hui sur la pastille B3. Elle recouvre intégralement le cimetière et l’Hôpital psychiatrique Paul Guiraud, plus trois courtes impasses (dont les habitants, pour se protéger, viennent de constituer une association de riverains). Ça en dit long sur les intentions de ceux qui l’ont inspirée. Le PCF villejuifois cherche depuis des décennies à se débarrasser de ces hôpitaux « qui ne rapportent pas de taxe professionnelle ». La dernière manœuvre : sous prétexte de relier la ZAC de Cancer Campus au Centre Ville, il cherche à faire passer une rue à travers le jardin de l’Hôpital Paul Guiraud, l’espace vert des patients et du personnel soignant (en psychiatrie, rappelons-le). La rue laisserait au nord les ateliers de l’hôpital (jolis bâtiments en meulière du XIXe, destinés à la démolition par la mairie qui veut y ériger des immeubles de logements) et… le pavillon des malades dangereux. Cela obtenu, on constaterait qu’un hôpital psychiatrique ainsi traversé par une voie publique n’aurait aucun sens, et on tasserait ateliers et pavillon des malades dangereux sur la partie sud, livrant le nord aux promoteurs.

Les élus écologistes de Villejuif et de la Région, scandalisés, ont proposé des amendements, afin de faire sauter, sur la carte, les pastilles rouge de la zone verte et de l’hôpital Paul Guiraud, et pour insérer, dans le texte du schéma directeur, les paragraphes suivants :

1. Dans la partie « Orientations réglementaire » (3.3 et 3.5) : préciser qu’il convient en zone urbanisée de protéger non seulement les bois, parcs et espaces à caractère naturel mais tous les espaces verts, y compris maraichers et horticoles, car ces derniers ont un rôle stratégique pour l’agriculture de proximité, la « respiration » des habitants, la fixation de l’eau, pour l’éducation des enfants, etc.

2. Dans le texte concernant Villejuif et la Vallée de la Bièvre (« Défis, projet spatial régional, objectifs », page 203), nous proposons de placer l’amendement suivant en fin de paragraphe :

« Conformément à l’orientation générale du Sdrif, il convient d’assurer dans cette zone à forte perspective de densification un urbanisme mixte, avec des espaces verts et des établissements scolaires de proximité, en cohérence avec l’accroissement de la population : en préservant absolument le Parc départemental des Hautes Bruyères et les espaces agricoles, maraichers et horticoles, à proximité et dans la zone de Cancer Campus, ainsi qu’en aménageant les friches vertes subsistant le long des Nationales 7 et 20. »

(La dernière phrase vise en particulier la protection du terrain Mollicone dans la ZAC Aragon, menacé par un projet de tour de 12 étages.)

Pour l’instant, nos propositions d’amendements se heurtent au refus catégorique des élus régionaux du Front de Gauche et du PS, relayant la majorité PCF-PS de la municipalité de Villejuif.

Bien sûr, nous ne sommes pas contre une certaine densification de Villejuif, contrepartie évidente de la volonté de ne plus mordre sur l’agriculture péri-urbaine (ni villejuifoise !) et de la nécessité de créer de nouveaux emplois. Encore faut-il que cela se fasse correctement, dans une ville déjà fort dense, et en priorité par la requalification des cités HLM. Mais la politique du PCF, qui tient la ville depuis une éternité, est de la densifier à fond pour faire tourner les appareils d’aménagement urbains qu’il contrôle : le Syndicat d’Action Foncière 94, présidé par Gilles Delbos, et la SADEV, présidée par Laurent Garnier (les deux conseillers généraux, communistes, de Villejuif)). Le prétexte était jusqu’à aujourd’hui « la loi du Grand Paris », ce sera demain « à cause du SDRIF »…

Nous nous battons bec et ongles, avec nos élus verts du Conseil régional, pour qu’une « marguerite verte » remplace les pastilles rouges sur le Parc des Hautes Bruyères. Nous ne désespérons pas de l’obtenir (le vote a lieu le 25 octobre).

Et nous continuerons la lutte au coté des habitants (cliquez ici pour lire notre soutien à la lutte du Quartier Robespierre et Aragon), pour que l’urbanisation autour de la station Louis Aragon et le long de la nationale 7 tienne compte de la nécessité d’offrir des espaces verts et de nouveaux équipements scolaires pour les enfants des actuels et futurs habitants.

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