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13 octobre 2008
François Labat

ÉCOLE : Non aux mesures Darcos ! Non à la "Politique du pire" !

La nouvelle organisation (ou désorganisation) du temps scolaire, mise en place à la rentrée 2008 constitue une attaque en règle contre l’école primaire. La question des rythmes scolaires et notamment de l’école du samedi matin faisait l’objet de controverse et d’expérimentations depuis de nombreuses année. Sans débat, sans concertation, sans évaluation, le ministre l’a tranchée manu militari au printemps 2008 en supprimant l’école du samedi matin de la manière la plus démagogique possible, c’est à dire en ne remplaçant ces heures perdues par rien, si ce n’est les « heures de soutien individualisées », pour lesquelles enseignants, écoles, parents et municipalité sont sommés de se débrouiller, bien-sûr sans qu’un centime soit débloqué à cet effet.

La mise en place de ce nouvel emploi du temps se fait sans aucun respect du travail accompli dans les villes, que ce soit en terme d’accompagnement de la scolarité, d’accueil des élèves hors du temps scolaire, d’activités culturelles, sportives ou de centres de loisirs.

Cette réorganisation est surtout pour le gouvernement l’occasion d’effectuer un tour de passe passe dans les moyens mis en place pour aider les élèves en difficulté. Au prétexte que ceux-ci sont maintenant pris en charge par les enseignants dans les deux heures de soutien hebdomadaire, on réduit peu à peu les moyens des RASED, les réseaux d’aide spécialisés, dont 30% des effectifs enseignants seront supprimés à la rentrée 2009. Si il n’est pas interdit de penser qu’un soutien individualisé, dispensé par tous les enseignants puisse être utile, pourvu qu’il soit organisé dans de bonnes conditions, il est absurde de croire que celui-ci puisse se substituer au travail d’enseignants spécialement formés pour venir en aide aux enfants en difficulté. Ce n’est pas au moment où l’on constate qu’il y beaucoup trop d’élèves en situation d’échec qu’il faut couper dans les moyens mis pour les en sortir !

La motivation de cette politique ne fait pas de doute : il ne s’agit, ni de réorganiser l’école pour la rendre plus efficace, ni de l’adapter aux rythmes de l’enfant. Il s’agit simplement de réduire le budget de l’éducation nationale. Quand on fait, cadeau chaque année, de 15 milliards d’euros aux plus riches, sous forme de paquet fiscal, il faut bien trouver l’argent quelque part.

Chacun s’accorde à dire que l’école ne va pas bien. Des réformes de profondeur sont nécessaires, mais ce n’est pas en diminuant ses moyens qu’on l’améliorera.

Devant l’oukase ministériel, les communes sont sommées de se soumettre, de mettre leurs moyens au service de cette politique scandaleuse, et de s’en faire de fait, les complices.

Il n’en n’est pas question. Face à cette entreprise de destruction méthodique et planifiée de l’école nous devons résister. La ville de Villejuif doit s’associer à toutes les initiatives, pétitions, manifestations et mouvements destinés à combattre cette politique. Au besoin, elle doit en prendre l’initiative.

Mais il n’est pas certain que cette bataille soit gagnée rapidement, dans les rues ou dans les urnes. Et d’ici à l’arrivée de ces jours meilleurs, de nombreux enfants de Villejuif vont s’asseoir sur les bancs de l’école. Tous auront besoin de l’attention de la collectivité pour réussir leur scolarité, certain encore plus que d’autres, parce qu’il auront des difficultés. Il serait pour le moins paradoxal que, au prétexte d’un juste combat pour une école de la réussite pour tous, ces enfants soient sacrifiés.

C’est pourquoi nous devons renoncer à la politique du pire, au blocage mais agir pour que cette école de la réussite, que nous appelons de nos vœux, commence à se mette en place dès aujourd’hui. Ce grand chantier doit associer la ville, les communautés éducatives, les parents, les élèves et l’ensemble de la population. Il doit s’appuyer sur les pauvres moyens mis en place par le ministère (sans manquer d’en souligner l’indigence) et en multiplier les effets grâce aux efforts conjoints de tous les acteurs mobilisés.

Il n’y a pas de risque que cet élan puisse être pris comme une acceptation de la politique de casse de l’Éducation Nationale. Nous ne manquerions pas en effet, à chaque étape du processus de la dénoncer sans relâche. Par ailleurs, cet espace d’école particulier serait aussi l’occasion de s’inscrire contre la vision d’une école réactionnaire à l’œuvre depuis plusieurs années, de remettre en question les "nouveaux" programmes qui nous ramènent 40 ans en arrière, d’agir contre une conception de l’école fermée sur elle-même et de dénoncer le retour aux soi-disant bonne vieilles méthodes du passé.

À l’opposé des projets gouvernementaux, il faut favoriser une autre école, soucieuse du développement de chacun des élèves, de sa personnalité et de sa culture. Cela permettra, non seulement de répondre aux besoins très concrets des enfants des école, mais aussi de nous permettre d’apprendre à construire ensemble l’école de demain.

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